Névrose postale

Il est en quelque sorte rassurant de se retrouver dans les névroses des autres.

Tamaris, 16 juillet 1907

La lettre que je t’ai envoyée hier remplace deux lettres beaucoup plus longues que j’ai laissées dans mon tiroir. Aucune ne me plaisant, je t’ai écrit ces deux pages en quelques minutes. Depuis cinq semaines que je suis ici, j’ai dans ma malle quatre-vingts pages de lettres non envoyées. – C’est décidément une maladie que j’ai d’être mécontent de tout ce que je fais, même des lettres les plus simples. Si j’envoie une lettre à l’heure où je la signe, je suis préoccupé pendant plusieurs jours parce qu’à la réflexion la lettre me paraît absurde, maladroite, mal pensée, mal écrite, etc. Si je la garde 24 h. pour réfléchir, je ne l’envoie plus jamais, et mon correspondant reste sans réponse.

Mille lettres inédites de Pierre Louÿs à Georges Louis, 1890-1917


Vendredi 16 janvier 2009 | Les loisirs de la poste |

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