Rentrée
Livres Hebdo, 28 août 2018
On évalue à cent millions le nombre de livres pilonnés chaque année en France. Si le pilon disparaissait pendant un demi-siècle, cinq milliards de livres supplémentaires obstrueraient l’espace français. Et l’espace mondial, pendant le même temps ? Quel serait sur lui l’effet d’une centaine de milliards de livres ? Cette perspective asphyxiante me rend le pilonnage sympathique, y compris celui de mes livres.
Jean-Pierre Issenhuth, Chemin de sable. Carnet 2007-2009.
Fides, 2010.
D’autre part (1 & 2)
Les éditions L’herbe qui tremble ont eu la folle inconscience de me confier la direction d’une collection. Elle se nomme « D’autre part » et publiera deux livres par an : de la poésie et des textes plus inclassables.
Coup d’envoi avec deux auteurs chers à mon cœur, Luc Dellisse et Jan Baetens, dont les textes appartiennent précisément à l’espèce inclassable. L’Amour et puis rien de Luc Dellisse n’est pas exactement un roman ni tout à un fait un recueil de nouvelles ou de poèmes en prose mais un peu tout cela à la fois. Ses cinquante courts chapitres, numérotés de 50 à 1, composent une histoire à l’envers, un compte à rebours de la folie amoureuse. Luc Dellisse excelle dans le registre de la prose brève, portée par la vitesse de l’écriture et un sens de l’image fulgurante.
Faire sécession de Jan Baetens est une fiction mariant l’Histoire, l’autobiographie et le roman noir. Prenant pour argument la bataille de Gettysburg, le livre met en jeu les distorsions qui naissent d’emblée entre un événement et ses représentations narratives et visuelles – par quoi cette sorte de roman rejoint l’intérêt de l’essayiste qu’est aussi Jan Baetens pour les rapports entre le texte et l’image.
En couverture, photo d’Aude Boissaye
En couverture, détail d’une gravure de Frédéric Coché
La vie est ailleurs
30 mai 2016 | Le Port de tête | de 18 heures à 20 h 30
Lancement de
Nouvelles de l’autre vie, de Thierry Horguelin
Mèche, de Sébastien B. Gagnon
publiés à l’enseigne de L’Oie de Cravan
À la clarinette : Jean-Yves Laporte
À la guitare : Stéphane Truchon (Travelling Headcase)
Librairie Le Port de tête
262, av. du Mont-Royal Est
Montréal
En librairie au Québec : le 31 mai 2016 (distribution : Dimédia).
Par la suite au
Marché de la poésie de Paris
Place Saint-Sulpice
75006 Paris
Stand no 608
Du 8 au 12 juin 2016
En librairie en France et en Belgique : automne 2016 (date à préciser ; distribution : Belles Lettres).
Réal La Rochelle
Grande tristesse d’apprendre la mort de mon ancien collègue de 24 images Réal La Rochelle. Je ne l’avais plus croisé depuis une bonne vingtaine d’années, mais conserve le souvenir très vif d’un homme chaleureux et passionné, merveilleux de finesse, d’intelligence et d’humour, toujours généreux dans l’échange.
Fondateur de la Phonothèque québécoise et du musée du Son de Montréal, il était l’auteur d’essais sur Denys Arcand, Maria Callas, Leonard Bernstein, le film-opéra, le son et la musique au cinéma. Il s’y montre un pionnier de l’histoire croisée des médias, étudiant par exemple la construction du mythe de Callas dans ses liens avec l’industrie du disque ou le rôle du cinéma, de la radio et de la télévision dans la diffusion de l’opéra et de la musique classique. Outre des dizaines d’articles, on lui doit un passionnant entretien radiophonique avec Alain Resnais sur la comédie musicale, retranscrit dans Positif de juillet-août 1997.
L’alphabétisation en marche
24 septembre | Libralire | 19 heures
Rencontre autour d’Alphabétiques
Librairie Libralire
116 rue Saint-Maur
F-75011 Paris
Rentrée
Le nouveau est un de ces poisons excitants qui finissent par être plus nécessaires que toute nourriture ; dont il faut, une fois qu’ils sont maîtres de nous, toujours augmenter la dose et la rendre mortelle à peine de mort.
Il est étrange de s’attacher ainsi à la partie la plus périssable des choses, qui est exactement leur qualité d’être neuves.
[…]
Le goût exclusif de la nouveauté marque une dégénérescence de l’esprit critique, car rien n’est plus facile que de juger de la nouveauté d’un ouvrage.
Paul Valéry, Choses tues (1930),
repris dans Tel Quel I (1941)
Notre coup de cœur de la rentrée : Trois Tristes Tigres de Guillermo Cabrera Infante (1965, traduction d’Albert Bensoussan avec la collaboration de l’auteur, Gallimard, 1970). La quatrième de couverture (ci-dessous) propose une véritable analyse qui nous dispense d’un long commentaire sur ce livre foisonnant, polyphonique et jubilatoire. On espère voir un jour l’adaptation qu’en tira Raoul Ruiz en 1968, entreprise impossible — mais rien n’était impossible à l’homme qui s’attaquera trente ans plus tard au Temps retrouvé.