Doppelgänger
Relecture des épreuves du Carnet et les Instants. La bibliographie m’apprend que ma camarade mandrillienne Caroline Lamarche vient d’être traduite en letton et que son nom est devenu dans cette langue Karolina Lamarša. Je me prends à imaginer que la traduction a donné vie à ce double exotique, et que tandis que Caroline boit son thé à Liège, Karolina se promène à Riga au bord de la Baltique, le regard lointain, coiffée d’une toque en fourrure. Peut-être, la nuit, rêvent-elles l’une de l’autre.
Ronde infernale
Avez-vous déjà été réveillé par un mot ? Ce matin vers cinq heures, le mot bougnat s’est invité dans mon sommeil avec sa pelle à charbon. Aussitôt, il s’est acoquiné avec des expressions toutes faites vêtues de robes de collégiennes, qui se sont mises à faire la ronde en scandant : Prenez garde au bougnat — Touchez pas au bougnat — Le bougnat vous salue bien — « Bougnat, apporte-nous du vin / Celui des noces et des festins », etc. Ça y est, ce salopard m’a réveillé. Et il m’a vissé la chanson de Brel dans la tête. Et puis d’abord, pourquoi bougnat ? Je n’ai jamais aimé ce mot.