Lui lit la Métamorphose de Kafka. Elle, on ne sait pas.
Lui lit la Métamorphose de Kafka. Elle, on ne sait pas.
Dans l’Eurostar Bruxelles-Londres
— Nombreux lecteurs néerlandais de guides touristiques sur Londres (Londen) et la Grande-Bretagne (Groot Britannië). Ma voisine lit un roman d’Agatha Christie, De zaak Styles, qui est sûrement la Mystérieuse Affaire de Styles.
— Une jeune fille blonde dort à poings fermés, d’énormes écouteurs roses sur les oreilles. Sur sa tablette, City of Bones de Stephanie Meyer.
— On se demande pourquoi ce cadre trentenaire en complet anthracite retape frénétiquement sur son ordinateur portable de larges extraits de How Good Can We Be.
Londres
— Au Prêt à manger d’Euston Road, ma voisine lit Love in the Time of Victoria de Françoise Barret-Ducrocq, édition Penguin, dans un exemplaire de bibliothèque (curieusement estampillé YUL sur la tranche, qui est le sigle de l’aéroport de Montréal). Plutôt nerveuse, elle saute continuellement de son téléphone vert pomme à son livre. Je lui fais remarquer l’amusant chiasme que nous formons : moi lisant un roman anglais en traduction française (je lui désigne mon exemplaire d’Orgueil et préjugés), elle un essai français en traduction anglaise. Justement, me dit-elle, la traduction de son livre n’est manifestement pas très bonne. Et puis, l’auteur l’énerve : elle cite insuffisamment ses sources. Le tout débité à un rythme de mitraillette comme une héroïne de Capra, avec un fort accent américain.
Un lecteur de Mishima.
Une lectrice de Fifty Shades of Grey, qui en dissimule soigneusement
la couverture à ses covoyageurs.
Improbable mais vrai. À Bruxelles, au Trappiste, un client absorbé dans la saine lecture du Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale. On se sent moins seul, du coup.
Dans le train Padoue-Venise
Aéroport Venezia Marco-Polo
Saint-Malo, juin 2011.
Il s’agit d’un livre publié chez Bourgois, dont je ne suis pas parvenu à déchiffrer le titre.