De la morale

Il est de bon ton de blâmer la morale, toujours insupportable, réactionnaire, judéo-chrétienne. Il est certain en effet que la Bible ne recommande guère le meurtre, l’inceste, le parjure, l’adultère et que c’est dommage. Mais enfin les mêmes penseurs qui s’offusquent de cette morale ou de tout ce qui lui ressemble sont ceux qui pointent avec une minutie de douanier canadien ou d’inquisiteur sans bûcher ce que doit ou ne doit pas contenir un film : pas de soupçon de misogynie, de sexisme, de racisme, de moralisme, de sentimentalisme, de nationalisme, de populisme, pas de caricature de Bretonne ni de Corse, une juste représentation des classes sociales, de l’ambition mais pas de prétention, pas d’orgueilleuse maîtrise mais une « prise de risque », pas de lieux communs, forcément paresseux. Prudence ! Admettons que ces commandements ne sont pas moraux et qu’un film ne peut être bon s’il ne s’y soumet pas ! Adieu Griffith, Buñuel, Eisenstein, Ford, Risi… D’austères Catons nous ont persuadés que les opinions scandaleuses doivent être tues, nous qui croyions sottement que la vraie morale, qui se moque de la morale, impliquait l’intérêt et la tolérance pour l’expression des morales qui ne sont pas les nôtres.

Alain Masson, « Quelques mots. Auteur et genre ».
Positif n° 708, février 2020.
(Tout l’article est à lire.)


Jeudi 6 février 2020 | Grappilles |

Un commentaire
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Bin, voilà qui fait plaisir. On regardait la neige tomber, l’écran qui ne sait même plus grésiller, et on se disait qu’est-ce qui pourrait bien me droguer suffisemment pour me soulever hors de cette journée? La réponse, simple et droite comme mon coupe papier : une visite au Locus Solus.

Commentaire par Bernard Camus 02.07.20 @ 10:20



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