La récompense suprême

C’est de cette époque que datent ces rapports immoraux entre les gouvernements et leurs condottieri, qui donnent au XVe siècle un caractère si étrange. Une vieille anecdote, une de ces anecdotes qui sont vraies partout et nulle part, peint ces rapports à peu près de la manière suivante : les citoyens d’une ville (c’est de Sienne qu’il s’agit probablement) avaient un général qui les avait délivrés d’une incursion ennemie ; tous les jours ils se demandaient quelle récompense on devait lui décerner : ils finirent par déclarer qu’ils ne pourraient jamais le récompenser assez, mêmes s’ils l’investissaient de l’autorité suprême. Alors l’un d’eux prit la parole et dit : Tuons-le, ensuite nous l’adorerons comme le patron de la ville. Et il fut traité peu après comme le sénat de Rome traita Romulus.

Jacob Burckhardt, la Civilisation de la Renaissance en Italie (1860). Traduction de Louis Schmitt revue par Robert Klein.
Bartillat, 2012.


Jeudi 15 avril 2021 | Grappilles |

Pas de commentaire
Laisser un commentaire



(requis)

(requis, ne sera pas affiché et restera top secret)