Visible jusqu’au 30 décembre à la bibliothèque Mazarine, l’exposition « De Garamont aux Garamond(s) : une aventure typographique » mérite le détour.
Présentation :
Typographie classique par excellence, le « Garamond » domine aujourd’hui largement le paysage éditorial. De la Bibliothèque de la Pléiade aux volumes de Harry Potter, dans la presse ou la publicité, il s’affiche sur tous les supports et pour tous les usages. Pourtant ce nom générique regroupe un ample répertoire de lettres, d’une diversité de formes considérable : plus de deux cents polices numériques se présentent aujourd’hui comme des « Garamond ». Et tous leurs usagers ne savent pas forcément que ce nom se rattache au souvenir d’un artisan de la Renaissance, dont la carrière et la production sortent aujourd’hui de l’ombre.
Né à Paris vers 1510, mort en 1561, Claude Garamont (avec un « t ») a marqué durablement l’histoire de la typographie. Élève de l’imprimeur Antoine Augereau, il débuta une carrière de graveur et fondeur de caractères au milieu des années 1530. Très vite repéré par l’entourage de François Ier, il reçut en 1540 la prestigieuse commande des « Grecs du Roi », dont les poinçons originaux sont aujourd’hui conservés à l’Imprimerie nationale. Mais c’est surtout pour sa maîtrise de la lettre romaine qu’il accéda à la célébrité : appréciés pour leur élégance et leur équilibre, ses caractères furent commercialisés dans toute l’Europe jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, avant d’être réinterprétés par les meilleurs typographes tout au long du XXe siècle, avec le succès que l’on connaît.
L’exposition retrace les différentes étapes de la carrière de Garamont en présentant ses réalisations les plus emblématiques. Elle illustre également la destinée des caractères qui, sous le nom générique de « Garamond » (avec un « d ») ont accompagné le développement des industries graphiques de la Renaissance à nos jours.
Au-delà de son objet manifeste – Claude Garamont, ses devanciers et ses continuateurs –, l’exposition éclaire plus largement des sujets passionnants :
– Comment l’adoption de nouvelles polices de caractères fut l’un des vecteurs de diffusion de la culture humaniste à la Renaissance.
– Comment François Ier, en commanditant d’une part la création de nouvelles polices de caractères, d’autre part la traduction et l’édition de textes classiques en langue française, fit de la typographie et de l’imprimerie l’un des éléments de sa politique culturelle et un instrument de prestige.
L’exposition s’accompagne de la publication aux éditions des Cendres d’un ouvrage de Rémi Jimenes (commissaire de l’expo, en collaboration avec Marina Bourrec et Olivier Thomas) : Claude Garamont, typographe de l’humanisme.
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