Nous avons tous fait l’expérience de commerçants si rogues qu’ils semblent n’avoir qu’un but dans l’existence : décourager le chaland d’acheter quoi que ce soit dans leur boutique (savoir comment ils survivent reste un des grands mystères de l’économie de marché). Mais aucun d’entre eux n’égale Don Vincente, ex-moine cistercien devenu libraire à Barcelone dans les années 1830. Réputé pour ne se séparer qu’à regret de ses livres les plus précieux, ce mauvais coucheur pratiquait exprès des prix dissuasifs - quand il ne rattrapait pas ses clients dans la rue pour proposer de leur racheter l’exemplaire qu’il venait de leur vendre. En 1836, il alla jusqu’à assassiner le propriétaire d’une édition rarissime qu’il convoitait - un concurrent honni, qu’il estimait indigne de posséder un tel joyau. Bientôt soupçonné et arrêté, il avoua avoir tué onze autres personnes pour leur reprendre des ouvrages achetés chez lui.
4 commentaires
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Elle est rapportée succinctement dans le Roman des grands collectionneurs de Pierre Cabanne (Plon, 1961). Il semblerait qu’elle soit narrée avec plus de détails dans Amateurs et voleurs de livres d’Albert Cim (1903), ouvrage - et auteur - dont je viens d’apprendre l’existence. Comme il a été réédité chez Ides et Calendes, je m’en vais le commander, et j’en reparlerai sans doute.
Commentaire par th 09.17.07 @ 7:38On le comprend, le bougre! Qui arriverait à vendre ses trésors bibliophiliques?
Commentaire par L'Ombre 09.21.07 @ 5:59Très belle anecdote, qui me rappelle un peu L’enfer du bibliophile, de Charles Asselineau (disponible ici, au format PDF).
Et dans le même ton, apparemment, que la série Black Books dont vous parliez tout récemment et qu’une relation est en train de télécharger à mon intention (les trois saisons sont disponibles en VOSTFR sur le Net, m’a-t-elle assuré).
Quelle anecdote! D’où vient-elle?
Commentaire par Fausto 09.17.07 @ 5:04