Le jour,
sa confiscation par le soir,
l’ariette oubliée dans la ruelle en pente
par où tu rentres chez toi.Le faisceau du clair de lune
sur les vélos accolés, les boîtes de paperasses,
les bouteilles vides – bouteilles qu’emplissent,
par le carreau de la remise,
les rayons laiteux de minuit.C’est rue Préfontaine,
ce pourrait être ailleurs,
cette convergence de motifs
– ce bouquet de riens qui t’est tout.Gabriel Landry, l’Œil au calendrier.
Québec-Amérique, 2007.
*
Le regard qui s’exerce ici conviendrait aux almanachs, car c’est celui d’un promeneur dont le pas est pour ainsi dire réglé sur un agenda saisonnier. Marcheur d’un quartier, qui cherche à en capter les pulsations les plus discrètes, et marcheur au long du temps qui passe car, en effet, les 196 morceaux de ce recueil sont autant de cases marquées au fil de l’an qui fait le tour, comme a dit un poète de la Renaissance. Choses vues, donc, de l’œil du faiseur de poèmes. Mais l’œil au calendrier, c’est aussi celui du calendrier, formidablement impassible, l’œil coi du temps qui nous regarde passer sous ses ponts. L’arroseur est arrosé : le voyeur est vu. Et peut-être aussi l’œil qui était dans la tombe et regardait Caïn ! Celui de la conscience qu’on a, qu’on acquiert, de la réalité changeante, fuyante, imprenable. Cet œil n’est pas toujours aiguisé comme il faudrait : le poète n’est pas toujours un bon « private eye ». Il arrive même qu’il se mette un doigt dans l’œil ! (Prière d’insérer.)
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