Paris, Hôtel Jarry, juin 2008
En novembre 1897, rapporte Noël Arnaud, Alfred Jarry s’installa dans un logis exigu, au « deuxième et demi » d’un immeuble de la rue Cassette. Deuxième et demi, car le propriétaire, du genre marchand de sommeil, avait coupé en quatre, dans le double sens de la surface et de la hauteur, l’appartement du deuxième étage, quadruplant ainsi la valeur locative de son bien. « En scindant en deux dans le sens horizontal l’appartement du second étage, très haut de plafond, on a créé un vrai second étage, de dimensions normales, et un second et demi, ou faux troisième, très bas de plafond » (1,65 m). Jarry, heureusement pour lui, mesurait 1,61 m – mais ses visiteurs étaient tenus de courber l’échine pour circuler dans ce quart de logement.
Nul doute, donc, qu’il se serait trouvé plus qu’à son aise dans l’hôtel au confort spartiate qui porte son nom, en cette chambre du cinquième étage sans ascenseur, où l’on ne fournit pas même le savon. Et peut-être, dans ce dernier détail, faut-il voir un hommage involontaire de plus à l’auteur d’Ubu roi, qui professait comme on sait une sainte horreur de l’eau, « ce liquide si abrasif et dissolvant qu’on s’en sert pour les lessives et que, lorsqu’on le mêle à un liquide pur, l’absinthe par exemple, celui-ci se trouble » (cité de mémoire).
4 commentaires
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J’ai oublié d’ajouter dans mon précédent commentaire que la maison où habitait Jarry, rue Cassette, abrite aujourd’hui la librairie Bruno Sépulchre.
Commentaire par Roland de Chaudenay 08.06.08 @ 1:09Jarry semble d’après ce commentaire dans une action très différente de Kurt Schwitters qui dit-on réalisait chez lui des assemblages l’obligeant à crever son plafond…
Je découvre votre blog aujourd’hui,et c’est la bonne nouvelle du jour (à mon humble niveau d’exploration, bien sûr . je reviendrai. Merci.
Jarry, dit-on, avait eu l’idée de racourcir à la scie les pieds de sa chaise et ceux sa table :
Commentaire par Roland de Chaudenay 08.06.08 @ 12:51«Une fois assis, comme tout le monde, j’aurai ma part bourgeoise de plafond». Encore une solution imaginaire.