Blake Edwards : Tout a commencé la nuit où je suis allé à cette party…
Julie Andrews : Bien avant que tu me connaisses.
Edwards : Juste. Je n’avais pas encore fait la connaissance de Julie. À cette soirée, il y eut une discussion sur ces individus qui se trouvent catapultés vedettes du jour au lendemain, et les raisons expliquant ce phénomène. Lorsque le nom de Julie fut mentionné, je prononçai une phrase dont l’impact sur l’assistance fut tel que, le jour suivant, je reçus un coup de fil de Joan Crawford (qui n’était pas présente à cette soirée, et que je n’avais jamais rencontrée) me disant que c’était la réplique la plus drôle qu’elle ait jamais entendue. Les gens étaient en train de se perdre en conjectures sur ce qui avait fait le succès de Julie et, juste au bon moment, j’ai lancé: « Je vais vous dire très précisément de quoi il retourne : elle a du lilas à la place des poils pubiens. » Lorsque le calme fut revenu, Stan Kanen, de l’agence William Morris, me dit : « Avec ta veine, tu vas finir par l’épouser. » Et avec ma veine, c’est ce que j’ai fait ! […] Et maintenant elle m’offre du lilas à chaque anniversaire de mariage.
Andrews : Dans tous les sens du terme, n’est-ce pas Blake ?
Edwards : Oui, chérie.Playboy, décembre 1982.
L’anecdote est relativement connue, mais j’adore la manière éminemment edwardsienne avec laquelle elle est amenée, exactement comme un gag de ses films: le sens de la mise en place (dans une party, bien sûr), l’effet avant la cause, la précision du timing (juste au bon moment), l’alliage détonnant de scabreux et de sophistication, l’explosion finale d’euphorie. (Sans oublier la complicité érotique suggérée.) C’est, virtuellement, une leçon de mise en scène. Le Lorsque le calme fut revenu m’enchante à chaque lecture.
4 commentaires
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Moi non plus, je ne connaissais pas et comme toi, je me délecte du timing du récit et de leur complicité…
Commentaire par Joachim 03.02.09 @ 12:15La complicité des fleurs c’est pas un peu proustien cette histoire…
Commentaire par laurence 03.03.09 @ 1:10Du coup, le titre du film de René Clair, Porte des Lilas, sonne comme un hommage par anticipation à Julie Andrews, sept ans avant Mary Poppins…
Commentaire par George Weaver 09.10.12 @ 5:15
Ton article m’apprend cette anecdote.
Commentaire par Sylvain/Kaonashi 02.26.09 @ 7:22Et en effet, comme toi, je trouve la formulation de l’anecdote absolument délicieuse.
Le lilas offert à chaque anniversaire… Très bon !