Ainsi, j’ai rencontré beaucoup de maniaques, mais au moins un maniaque superbe, c’est Henri Parisot [1], le fétichiste de l’édition originale. Je l’ai vu acheter six fois de suite le même livre, et cinq fois le rapporter au libraire en disant, à la manière de Fernand Raynaud : «Il y a là comme un défaut.» Lorsqu’il avait définitivement acquis son exemplaire original et irréprochable, il l’enveloppait dans un papier cellophane. Il ne le recouvrait pas, il l’emballait complètement. Il le plaçait dans sa bibliothèque, mais il ne pouvait jamais le consulter, puisqu’il était complètement emmailloté. Aussi, je crois qu’il a eu pendant longtemps deux bibliothèques identiques, une « ouverte », et une « fermée », puisque enfin il adore la lecture.
Éric Losfeld, Endetté comme une mûle. Belfond, 1979.
1. Traducteur de Lewis Carroll et fondateur de la collection « L’Âge d’or ».
Un commentaire
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Voilà une citation forte intéressante, qui traduit bien une certaine vision de la bibliophilie et de la bibliomanie ! Merci !
Commentaire par Noémie 01.06.07 @ 2:42