L’absinthe suffit

La société des Rougon-Maquart, en effet, offrait bien des raisons de désespérer aux pessimistes ; ainsi la bohème Fin de Siècle fut-elle plus amère, plus dramatique que la bohème romantique. Le choix des boissons souligne assez bien la différence : les Décadents furent des buveurs d’absinthe, la « fée verte », placée sous le signe de l’eau et du froid :

« Par son ivresse verte aux lacis de lianes
Bois l’absinthe éployant des forêts et des mers. »
Iwan Gilkin

La génération de 1830, au contraire, buvait du punch. Un peu plus tard l’opium avait eu des adeptes, souvent sous forme de laudanum, avec Nerval ou Rossetti. Les drogues firent leur apparition vers 1880 ; un temps la morphine fut à la mode, puis l’éther qui rend fou assez rapidement, mais, le plus souvent, l’absinthe suffisait.

Philippe Jullian, Esthètes et Magiciens. L’Art fin de siècle.
Perrin, 1969.


Dimanche 3 mars 2013 | Le coin du Captain Cap |

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Dans une immense mer d’absinthe,
Je découvris des pays soûls,
Aux ciels capricieux et fous
Comme un désir de femme enceinte.

La capiteuse vague tinte
Des rythmes verdâtres et doux :
Dans une immense mer d’absinthe,
Je découvris des pays soûls.

Mais soudain ma barque est étreinte
Par des poulpes visqueux et mous :
Au milieu d’un gluant remous
Je disparais sans une plainte,
Dans une immense mer d’absinthe.

Albert Giraud, Pierrot lunaire.

Commentaire par Le Moine Bleu 03.13.13 @ 4:02



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