Andrea Camilleri, Indulgences à la carte (la Bolla di componenda, 1993). Traduit de l’italien par Louis Bonalumi. Le Promeneur, « le Cabinet des lettrés », 2002.
Mariant l’histoire sociale, l’histoire des mentalités et le récit d’épisodes vécus, Andrea Camilleri examine dans ce court essai l’hypothèse selon laquelle la culture sicilienne de l’accommodement, des petits arrangements entre amis, de la compromission, sur quoi ont prospéré le brigandage et la mafia, aurait pour origine le système des indulgences de l’Église catholique. On laissera aux historiens le soin de trancher. La démonstration est d’autant plus plaisante que Camilleri essayiste ne cesse pas d’être le conteur savoureux que nous ont révélé ses romans, et que sa manière d’avancer par méandres et digressions est bien séduisante.
Louise de Vilmorin, la Lettre dans un taxi. Gallimard, 1958. Rééd. « l’Imaginaire », 1998.
Comment l’oubli d’une lettre dans un taxi – lettre non réellement compromettante mais susceptible d’être mal interprétée – déclenche une tempête dans le cœur de l’héroïne, et comment ses efforts pour la récupérer, en l’obligeant à multiplier les demi-mensonges, l’enferrent dans une situation inextricable. Par touches rapides et légères, Louise de Vilmorin construit un suspense émotionnel où l’on pèse des œufs de mouche dans des toiles d’araignée, propre à séduire les amateurs du cinéma d’Éric Rohmer.