Les recueils de poésie qu’on aime vous cueillent toujours par surprise. Ce ne sont jamais ceux qu’on attendait. Rien, quelle que soit ma sympathie pour Byron Coley, critique rock réputé, animateur du label Feeding Tube Records et accessoirement mon ancien confrère au Bathyscaphe, n’aurait dû m’attirer particulièrement vers Defense against Squares/Contre les caves. Et pourtant, dès les premières pages, ça a fait tilt, et j’ai aimé ces poèmes, qui sont plutôt des pages de journal ou des fragments de conversation familière découpés en vers. Coley y rend un hommage émouvant à ses amis disparus, partage ses émerveillements aussi bien que ses colères contre l’Amérique red neck et la bêtise à front de taureau. La musique est évidemment omniprésente dans ces pages, de Mingus à Captain Beefheart en passant par Lou Reed ; mais moins comme un « objet culturel » que comme une respiration essentielle, une manière de vivre et d’être au monde. Préface de Kim Gordon. Édition bilingue anglais-français, avec une excellente traduction de Marie Frankland et Benoît Chaput.
Byron Coley, Defense against Squares/Contre les caves, L’Oie de Cravan, 2017, 166 pages.