Paris
Ans, par la fenêtre du train
Namur
Bruxelles
Paris
Ans, par la fenêtre du train
Namur
Bruxelles
Ce n’était pas le souvenir
Qu’il voulait en garder.
Les rideaux étaient tirés,
Les volets clos. On croyait
Entendre une fenêtre,
Ouverte et lointaine.
D’ailleurs la chambre
Ne donnait sur rien.
Une courte cour, de
Main aucune, surface
À peine de réparation.
Le tout pour l’agrément,
En sa mourante saison,
Du voyageur du Nord.*
Aveugle, analphabète,
La chambre naît quand tu y entres.
Elle a tout de suite ton âge.
Elle vivra un jour et une nuit
Comme les insectes mort-nés
Qui rêvent encore
De la chambre d’à côté,
Accueillante, amidonnée.
La chambre fête ton anniversaire,
Comme les Romains
Avec leurs chats et leurs escargots.
Mais à la fin tu manqueras de temps
Et malgré tes calculs
Aucune chambre ne te survivra.*
À l’entrée, une signature à imiter,
Puis des mots, des listes, des langues,
Sur le palier des livres mal oubliés,
Enfin le papier sans en-tête.
L’hôtel d’avant-hier est encore là
Comme le journal d’hier.
On a compté et recompté les morts,
Tous à leur place maintenant,
Et le rapport est contresigné.
Me voici, anonyme paradoxal,
Au pied du miroir.
C’est un plaisir
De ne pas rendre la clé
Pour ne plus jamais disparaître.Jan Baetens, « Hôtel H. »,
suite de vingt-cinq poèmes dédiés à des chambres d’hôtel
dans Ici, mais plus maintenant (Les Impressions Nouvelles, 2019)