Listes de Raymond Queneau, exposées parmi cent mille milliards d’autres choses à la Maison du livre (Bruxelles) à partir du 13 novembre. On y revient demain.
Listes de Raymond Queneau, exposées parmi cent mille milliards d’autres choses à la Maison du livre (Bruxelles) à partir du 13 novembre. On y revient demain.
Sur le terrain du langage, à présent, on n’est plus aux prises avec ces évolutions traditionnelles qui faisaient braire les passéistes. On n’a plus affaire à ces transformations qui venaient du peuple. Le galimatias de maintenant est fabriqué par les tristes élites de la politique et de l’économie, de la publicité et de l’intelligentsia, et, dûment concassé, il est constamment déversé par la télévision et les autres médias. Dans le même moment, le peuple se tait. (Le verlan actuel, dernière tentative pour ranimer un langage marginal, est, dans une large mesure, très vite capté par la novlangue médiatique. Et d’ailleurs le problème n’est pas ici que puissent encore vivre des langages marginaux, mais si une langue centrale, et notamment lisible par tous, peut survivre.)
On pourrait faire sourire en énumérant longuement des mots et expressions de la novlangue. Mais c’est leur combinaison (ou devrais-je dire combinatoire ?) qui fait un effet vraiment inquiétant. Combien de temps garderons-nous une parties de nos facultés de traduire, d’écrire, ou même de penser quand, de toutes parts, il est question des effets pervers d’un différentiel, de se situer dans une fourchette, de remettre sa copie sur le chantier (si !), de redistribuer les cartes aux partenaires sociaux — afin sans doute que la balle soit dans leur camp à l’horizon 2000, à moins qu’il ne s’agisse d’initier par là une remise à plat des indicateurs, ou des acteurs — bref, d’apporter sa pierre au débat ? (si ! si ! celle-là aussi, je l’ai lue).Jean-Patrick Manchette, « Traduc-tueur ? »,
Chroniques, Rivages, 1996.
Ces lignes datent de 1993. Elles sont encore plus vraies aujourd’hui. La radio et la télé en fournissent quotidiennement l’illustration. Les économistes tenant le haut du pavé, on ne s’étonnera pas qu’ils soient actuellement les principaux pourvoyeurs de ce néocharabia. Par exemple, on peut les tenir pour responsables de la mise en circulation récente du grotesque « impacter ». On devrait s’y faire et hausser les épaules, on n’y parvient pas — surtout le matin, quand nos défenses naturelles ne sont pas encore en place. La journée s’annonce radieuse, on reprend confiance en la vie, et soudain l’un de ces palotins vous gâche la première tasse de café en concluant sa critique du Rapport Machintruc d’un splendide : « Dans ce rapport, cette question n’est pas adressée. » Raaaah, le calque de l’anglais qui tue («to address an issue»). À cet instant j’ai rêvé d’être l’Homme élastique des Fantastic Four pour allonger mon bras jusqu’à la Maison de Radio-France et lui en coller une dans sa goule. À défaut, je me suis repassé la scène où Nanni Moretti envoie une baffe à une journaliste (Ma come parla ? Vous vous rappelez ?). Ça soulage.
Le Bathyscaphe a survécu à sa longue immersion dans les eaux froides de l’hiver et vient de retrouver le chemin du port de Montréal. À son bord, des textes repêchés contre vents et marées, mais aussi des images, du sexe et des jeux !
Au sommaire : Jean-Yves Bériou, Simon Bossé, Daniel Canty, Geneviève Castrée, Benoît Chaput, Byron Coley, Louis-Philippe Côté, Bérengère Cournut, Hélène Frédérick, Sarah Gilbert, Joël Gayraud, Thierry Horguelin, Morag Kidd, A.J. Kinik, Julien Lefort, Anne Marbrun, Monsieur Moulino, Thurston Moore, Hermine Ortega, Antoine Peuchmaurd, Pierre Peuchmaurd, Hannah Reinier, Pierre Rothlisberger, Alexandre Sanchez, Barthélémy Schwartz, André Stas, Valerie Webber.
Le fier équipage présentera son nouveau rapport de plongée à la librairie le Port de tête (262, av. du Mont Royal Est, Montréal), ce jeudi 11 juin à partir de 18 h 30.
Le personnel de bord de la librairie vous prouvera qu’il a le pied marin et vous attendra en salle des machines ou sur le délicieux pont arrière pour pourvoir à vos moindres besoins :
- Vins de mer rouges !
- Barbecue des boucaniers !
- Rires et barbes à rabais !
Le cocapitaine Benoît Chaput en profitera pour lancer à la mer son Carnet de neiges, qui inaugure à l’Oie de Cravan une nouvelle collection de plaquettes cousues main, «Le fer & sa rouille ».
Les plongeurs croisant dans les profondeurs du Marché de la poésie de Paris (place Saint-Supplice, 18-21 juin) pourront ramener ces trésors dans leurs filets au stand de l’Oie de Cravan.
L’équipage du Bathyscaphe. À droite, le capitaine Chaput.
Communiqué de la salle des machines
L’équipage du Bathyscaphe fait ce qu’il peut pour entraîner ses lecteurs le plus loin possible des sentiers battus.
Le Bathyscaphe ne surfe pas sur la vague, d’ailleurs, le Bathyscaphe n’est même pas au courant.
Pour ceux qui ont encore de bons yeux, nous offrons des textes de longueur variable, et ce dans deux langues.
Pour ceux que la lecture ennuie, nous avons ajouté de belles images.
Enfin, pour ceux qui ne craignent pas les migraines, nos jeux raffinés vous permettent de tester vos connaissances.
Encore faut-il, pour cela, que nous trouvions de quoi remplir nos caisses. La vie étant ce qu’elle est ma bonne dame, figurez vous que l’imprimeur nous demande de l’argent pour imprimer, et que le facteur en veut lui aussi pour facter.
Voilà pourquoi nous organisons une grande soirée Bathyscaphoton, le lundi 13 avril 2009 à partir de 20 heures à la Sala Rossa (4848, boul. Saint-Laurent, Montreal) !
Il y aura évidemment à boire (et pas que de l’eau de mer), on pourra se procurer sur place des affiches à tirage très limité de Julie Doucet et Simon Bossé, et plusieurs musiciens seront de la partie :
- Sophie Trudeau
- Jérémi Mourand
- Geneviève Castrée
- Phil Elvrum
- Urbain Desbois et son orchestre
- et l’invité surprise : Gaston Sanchez et son accordéon magique
Le tout pour la somme de dix piastres à l’avance (places disponibles à la Casa del popolo) ou douze dollars à la porte.
Viendez trinquer avec nous à la santé des abysses !
Y a-t-il vraiment un cinéaste qui s’appelle Peter Lynch ? Si vous prenez un bain avec Wes Anderson et J.D. Salinger, êtes vous à New York ou à Montréal ? Qu’a d’alléchant le film Ma fille, mon ange ? Quel rapport y a-t-il entre la langue maritime et Robert Walser ? Comment vendre les livres de ce dernier en librairie ? Qui était monsieur Ferland et pourquoi le quartier Mile-End de Montréal n’est-il plus le même sans lui ? Qu’est-ce donc que la « tige de vie » de Richard Techner ? Qui a tué Lord Plymouth, de quelle façon et en quel endroit ? Comment se débarrasser du stade olympique ? Qui est le poète beat le plus injustement méconnu ? Vaut-il mieux prendre le métro à New York ou flâner dans les ravins de Toronto ? Le musicien Steve Albini aime-t-il vraiment la poutine de Montréal ? Mais qui était donc « Le docteur illuminé » ? Les mots du dictionnaire changent-ils de sens au fil des ans ? Peut-on tordre le cou à la typographie ? Les chiens crétois sont-ils cyniques ? Les créationnistes américains sont-ils sinistres ?
Le Bathyscaphe, le seul véhicule qui coule sous le poids de son propre mystère !
Mise à l’eau le jeudi 11 décembre de 20 à 23 heures à la librairie montréalaise Drawn & Quarterly (211, rue Bernard Ouest, coin Parc). Il y aura de la musique, avec la saxophoniste Matana Roberts de Chicago, et à boire, avec des bouteilles de vin cassables importées de France. L’étrange livre de dessins Bébé de Nadia Moss (L’Oie de Cravan) y sera également lancé à la consternation générale.
***
Textes : Daniel Canty, Benoît Chaput, Byron Coley, Bérengère Cournut, Marci Denesiuk, Clare Dolan, Hélène Frédérick, Sarah Gilbert, Joël Gayraud, Thierry Horguelin, A.J. Kinik, Thurston Moore, Antoine Peuchmaurd, Pierre Peuchmaurd, Hannah Reinier, Pierre Rothlisberger, Barthélémy Schwartz, Valerie Webber.
Images : Maïcke Castegnier, Geneviève Castrée, Julie Doucet, A.J. Kinik, Monsieur Moulino, Antoine Peuchmaurd, José Guadalupe Posada, Barthélémy Schwartz, André Stas.
Le site du Bathyscaphe.
Branle-bas de combat dans la salle des machines, paré à plonger, fermez les écoutilles et faites tourner les rotatives : Le Bathyscaphe appareille pour une nouvelle mission d’exploration des profondeurs sous-marines. Lancement le dimanche 15 juin à 20 heures à la librairie Le Port de tête (262, avenue du Mont-Royal Est, Montréal) : bouteilles de joie, abondance souriante et terrasse accorte vous attendent.
Les plongeuses et scaphandriers téméraires naviguant dans les eaux troubles du prochain Marché de la poésie de Paris (place Saint-Sulpice, 19-22 juin) pourront découvrir ce fier submersible sur les tables de L’Oie de Cravan. Les autres navigateurs s’en remettront au havre sûr de quelques bonnes librairies.
Au menu de cette deuxième équipée
Romy Ashby, Anne-Marie Beeckman, Daniel Canty, Benoît Chaput, Byron Coley, Bérengère Cournut, Hélène Frédérick, Joël Gayraud, Claude Guillon, A.J. Kinik, Gabe Levine, Thurston Moore, Antoine Peuchmaurd, Pierre Peuchmaurd, Hannah Reinier, Barthélémy Schwartz et Valérie Webber
vous entretiennent
du meurtrier Daniel Rakowitz, du cinéaste Fritz Lang, des auteurs Pierre Bayard, Hélène de Billy, Joe Brainard, Jorge Luis Borges, André Breton, Cid Corman, Richard Krech, Jean-Patrick Manchette, Vitzslav Nezval, Pericle Patocchi, Georges Perec, Marina Tsvetaeva, Boris Vian, Anne Waldman et Emma Young, des éditeurs Bottle of Smoke, Green Panda Press et Shivatan Publishing, de la Chine et du Tibet, d’art et d’économie, de l’île de Santaurin, de la psychogéographie de Toronto, de villes inondées, du mystérieux Mouvement lent, de l’évolution des définitions du dictionnaire, du photographe Jan Saudek, d’une traduction anglaise de Réjean Ducharme, du masque et de son histoire, de la faune des abysses, de pornographie féministe et de bien d’autres choses encore
sans oublier le nouveau jeu casse-nénette de votre serviteur
(préparez vos aspirines)
avec des images de
Maïcke Castegnier, Geneviève Castrée, Julie Doucet, Pierrick & Tracey Hubert, Antoine Peuchmaurd, Barthélémy Schwartz et Mike Watt