Critique en trois lignes
Jean LARROQUE : la Plume et le Pouvoir au XVIIIe siècle (Ollendorff)
Ce n’est pas sans ennui que M. Jean Larroque a pu lire, et si consciencieusement, tous les ouvrages publiés durant un siècle ; cet ennui, il a pensé qu’il ne devait pas le supporter seul.
Félix Fénéon, la Revue indépendante, juin 1888.
Visage de l’Angleterre
… un de ces visages britanniques typiques que l’on oublie pour toujours lorsqu’on les a vus une seule fois.
Oscar Wilde, cité par Jorge Luis Borges,
Introduction à la littérature anglaise.
Faux et usage de faux
Éprise d’images et d’objets rares, de choses anglaises et de recoins secrets, Florizelle anime un des blogs les plus enchanteurs de la toile, le Divan fumoir bohémien. La constance avec laquelle elle découvre des trésors émerveille. Elle lève ici un coin du voile sur l’étonnante histoire des (fausses) valises de Frida Kahlo, qui ne manquera pas d’appâter les amateurs de mystifications de haut vol, dont nous sommes. La fabrication d’archives personnelles étant un sujet diablement fascinant, on lira avec un égal intérêt, toujours sous la plume de Florizelle, l’histoire des lettres d’amour du major Martin. Cet espion qui n’existait pas apparaît comme la version historique du Kaplan de la Mort aux trousses.
Vous êtes ici
J’éprouve une vive admiration pour les concepteurs de certains jeux de société ; pour le type particulier d’intelligence, à la fois astucieuse et tordue, nécessaire à la mise au point de jeux aussi originaux que Mr Jack ou Intrigues à Venise (jeu d’enquête en équipes où l’on ne connaît pas l’identité de son partenaire… pensez-y deux minutes). Ou encore ce Destination Trésor dont je guettais depuis longtemps l’apparition sur eBay, où je viens de l’acquérir pour la somme faramineuse de deux euros. J’emprunte le résumé de la situation de départ à Bruno Faidutti :
« Destination Trésor est un jeu d’exploration et de déduction. Vous avez été parachuté sur une île, vous avez une carte, mais vous ignorez où, précisément, vous vous trouvez. Votre adversaire, lui, sait où vous êtes… mais ignore où il se trouve. »
Stevenson rencontre Borges… N’est-ce pas magnifique ? On dirait le scénario d’un film de Ruiz de la grande époque.
Rentrée
J’aime le travail. Il m’intéresse, il me fascine. Je puis rester des heures à le contempler. J’imagine tant sa présence que l’idée de me débarrasser de lui me brise le cœur. On ne pourrait me donner trop de choses à faire. Amasser du travail est devenu pour moi presque une passion. Mon bureau en est si rempli qu’à peine s’il reste assez de place pour en accueillir davantage. Si cela continue, je vais être obligé de faire agrandir ma maison.
De mon travail j’ai le plus grand soin. J’en ai là, près de moi, depuis des années, et je vous défie d’y apercevoir seulement la trace d’un doigt. Mon travail ! J’en ai la fierté. De temps en temps, je le prends et je l’époussette. Je suis certain que personne n’entretient son travail dans un état de meilleure conservation que je ne fais.
Jerome K. Jerome, Trois hommes dans un bateau
Les temps difficiles
Il y a une vingtaine d’années, je me trouvais à Berlin, où les fortunes de l’existence m’avaient conduit. L’Allemagne traversait alors une crise économique, et moi aussi.
Henri Calet, Poussières de la route. Le Dilettante.
Apocryphe dans le métro
« Zut ! j’ai loupé ma correspondance ! » (Madame de Sévigné.)
« Tout le monde descend ! » (Charles Darwin.)
Alexandre Breffort