La fée verte

— Ah ! cette vache de téléphoniste ! ronchonna-t-il.
— T’énerve pas, dit Williams, elles écoutent toujours quand elles croient qu’on n’en a pas envie. Qu’est-ce qui ne va pas avec Simmons?
Crane le lui expliqua et avala une bonne gorgée de bourbon parfumé à l’absinthe.
— Tu f’rais mieux d’faire gaffe, lui conseilla Williams, ça va te foutre par terre, un mélange pareil !
— C’est bien ce que je cherche.
— Que vas-tu faire avec Simmons ?
Après avoir versé de l’absinthe dans le verre qu’il venait de vider, Crane y ajouta une quantité égale de whisky. Il en résulta un mélange vert poison dont il expérimenta une gorgée, puis il ajouta un morceau de glace.
— Quel est le meilleur à ton avis ? demanda-t-il ; le bourbon additionné d’absinthe, ou l’absinthe additionnée de bourbon ?
— Écoute, est-ce que tu comptes lâcher l’affaire ?
Crane avala une nouvelle rasade, en laissant le morceau de glace lui chatouiller le nez.
— Le vert est plus artistique, mais le brun fait plus masculin. (Il vit qu’il avait du mal à fixer les yeux sur Williams.) Lâcher ? Lâcher ? (Il se leva, une main entre les boutons de sa chemise, dans une attitude napoléonienne.) Le soleil ne se couche jamais sur William Crane.

Jonathan Latimer, Comme la romaine ! (Série noire n° 89).


Dimanche 20 août 2006 | Le coin du Captain Cap | Aucun commentaire


Cartes postales

En vacances dans le Bourbonnais, D.A. m’envoie une carte postale :

Ah ! Vivement un val ombreux
Afin qu’y reposer je puisse
Mon pauvre séant douloureux
Car à vélo le plus scabreux
Ce n’est ni le rein ni la cuisse
Mais ce qui est entre les deux…

À quoi je réponds tout à trac :

Qu’au vélo, désormais, ton fondement meurtri
Préfère le cheval : à cheval, les culs rient !


Mercredi 16 août 2006 | Les loisirs de la poste | Aucun commentaire