La poésie ce matin (6)

Je t’aime tentation cloche-pied
accrocheuse goupil
amour claque
qui casse mes dents
à terre
frottent le vieux sale
piquent au nez
tendresse saccadée au sécateur
fille alerte
allume
ma tête alourdie
scrap tout
klic claque
dans le vif
autoroute mal faite
patchée au gafer
croque-cervelle matin
yeux doux
offre-moi
un exil auditoire
dans la sourdine urbaine
de ton nid.

Pascal-Angelo Fioramore, Têtagoise. Rodrigol, 2010


Dimanche 6 juin 2010 | La poésie ce matin | Aucun commentaire


Ce qu’ils lisent

24 mai
Dans le TGV Bruxelles-Roissy
— Ma voisine lit la Croix des assassins d’Éric Giacometti et Jacques Ravenne.
Aéroport Charles-de-Gaulle
— Première apparition dans cette rubrique d’un spécimen d’avenir : une lectrice équipée d’une liseuse électronique, Kindle ou autre. Impossible évidemment de savoir ce qu’elle lit.
— Deux autres lectrices croisées sur le chemin de la porte F47, où une grosse dame affalée sur une banquette de la salle d’attente s’absorbe dans un thriller de Ken Follett.
— Passe un corpulent quinquagénaire, pressé, stressé, en nage, tenant en main un exemplaire de Wolf Hall de Hilary Mantel, barré d’un bandeau rouge nous informant que l’ouvrage a remporté le Booker Prize.
Dans l’avion Paris-Montréal
— Un homme dort avec une couverture sur la tête. Sur sa tablette, Papillon d’Henri Charrière.
— Plus loin, un lecteur d’un ouvrage de Jean Taylor.
— À l’atterrissage, un jeune homme remet dans son sac God Machine de J. G. Sandom.

25 mai
Montréal
— Trois lecteurs en shorts et sandales. Le premier, assis dans une rame de métro filant vers Côte-Vertu, ouvre un ouvrage relié édité par des presses universitaires américaines ou canadiennes. Le second, un grand type à tête d’Aramis, monte à la station Mont-Royal, portant deux livres sous le bras. L’auteur de l’un d’entre eux se prénomme Fernand. Le troisième circule dans l’autobus 97. Il lit Balzac et la petite tailleuse chinoise de Dai Sijie et descend rue Christophe-Colomb.
— Dans le métro direction Montmorency, une lectrice d’A Bed of Roses de Nora Roberts.
— Dans le métro direction Côte-Vertu, une jeune femme debout lit The Age of Innocence d’Edith Warthon dans l’édition Penguin Classics. Deux autres lecteurs dans la rame.

27 mai
— Dans le métro direction Côte-Vertu, une lectrice des Mille et Une Nuits vêtue d’un boubou.

28 mai
— Au soleil de la place Gérald-Godin, un lecteur de la Route de Cormac McCarthy coiffé d’un bob. Plus loin, une lectrice à crinière noire, vêtue d’une robe rouge flamboyante.

31 mai
— Au coin du boulevard de Maisonneuve et de la rue University, une femme fait le pied de grue en lisant un roman de Horna Andrews.
— Place Ville-Marie, les travailleurs de bureau profitent de la pause déjeuner pour prendre le soleil aux abords d’une fontaine. Une jeune femme lit bouche bée un thriller de John Grisham. À côté d’elle, un homme en complet cravate est plongé dans un livre recouvert d’une liseuse en maroquin noir. Un peu plus loin, une femme aux cheveux à reflets cuivrés a ouvert la Fille de papier de Guillaume Musso. Une quatrième lectrice est située trop loin pour qu’on puisse distinguer le titre de son livre.
— Dans l’autobus 80, direction Nord, une brune maigrelette vêtue de rouge et d’escarpins dorés lit Tout compte fait de Simone de Beauvoir. Par la suite, je suis tellement occupé à déchiffrer le titre de ce que lit une autre lectrice — il s’agit de Structuring the State : The Formation of Italy and Germany and the Puzzle of Federalism de Daniel Ziblatt — que je ne prête aucune attention à son visage. C’est elle qui, se sentant observée, lève les yeux vers moi et me reconnaît : c’est une vieille connaissance, SD, plus revue depuis des années. Elle m’explique qu’elle prépare une communication à un colloque d’histoire. Nous descendons ensemble rue Saint-Viateur et bavardons un moment avant de nous quitter.
— Deux dames assises l’une derrière l’autre dans l’autobus 197, direction Ouest. La première lit un roman Harlequin, la seconde, Dieu obscur de Thomas Römer.

1er juin
— Dans l’autobus 51, une dame rousse plongée dans la Première Nuit de Marc Levy. Derrière elle, une femme plus jeune mâche consciencieusement son chewing-gum en lisant le Parfum de Patrick Süskind. Enfin, un homme à coiffure rasta surmontée d’un énorme casque d’écoute Sony apprend comment Méditer au quotidien avec Henepola Gunaratana.
— Dans le métro direction Côte-Vertu, un jeune homme s’absorbe dans un gros manuel, Stratégie et moteurs de performance : les défis et les rouages du leadership stratégique. Il descend à Berri et s’éloigne d’une démarche lourde.

2 juin
Dans l’avion Montréal-Paris
— Mon jeune voisin lit How to Get Things Done without Trying too Hard de Richard Templar.

3 juin, aux aurores
Aéroport Charles-de-Gaulle
— Un barbu descend un escalator tenant en main un livre d’un auteur prénommé Gordon, dont le titre en lettres rouges s’étale sur une couverture blanche.
— Dans un petit coin salle d’attente, un lecteur de David Gemmel converse avec son voisin.
— Plus loin, une quinquagénaire à lunettes lit Os troubles de Kathy Reichs en se grattant le ventre.


Samedi 5 juin 2010 | Ce qu'ils lisent | Aucun commentaire


Chambres


Montréal, mai 2010


Vendredi 4 juin 2010 | Chambres | Aucun commentaire