Harry’s Bar

Entre ceux qui se faisaient remarquer par leur mutisme, je signalerai spécialement notre brave ami, l’Américain Harry Covayre.
Harry Covayre employait, pour le moment, toute son énergie à se confectionner des grogs au wiskey, compositions où il entrait relativement peu de sucre et, pour ainsi dire, presque pas d’eau.

Alphonse Allais, Vive la vie !


Mercredi 31 décembre 2014 | Le coin du Captain Cap | Aucun commentaire


Les nouveaux mystères de Paris

Jean-François Vilar, une génération après Léo Malet, avait réinventé les mystères de Paris. On pensait forcément à lui en se baladant du côté de Bastille ou de Filles-du-Calvaire, en longeant le quai de Jemmapes où logeait son alter ego Victor Blainville, dans un appartement peuplé de livres, de brol et de chats. Blainville avait fait son apparition dans C’est toujours les autres qui meurent, histoire d’un commando très spécial fomentant ses méfaits par référence à l’œuvre de Duchamp. On s’était pris aussitôt d’affection pour ce photographe nonchalant et flâneur de Paris dont il affectionnait les recoins secrets chargés de mémoire, des passages couverts aux coulisses du musée Grévin. Ses enquêtes suivantes réveillèrent les fantômes de l’Histoire : Paris de la Révolution (les Exagérés), des réfugiés latino-américains (Bastille Tango), des surréalistes et des militants politiques des années 1930 (Nous cheminons entourés de fantômes aux fronts troués). Autant de jeux de pistes entre passé et présent sur lesquels planait la mélancolie des lendemains qui déchantent. Ses livres m’avaient beaucoup marqué et, comme tous ses lecteurs, je m’étais mal résigné à son silence.


Vendredi 26 décembre 2014 | Au fil des pages | Aucun commentaire


La poésie ce matin (19)

Car, à cet instant, tu le pressens,
La réalité n’est pas achevée,
Pas encore construite, et demande à l’être comme l’est
Un fruit ouvert, dont on peut goûter la saveur, connaître
Le plaisir ; au fond, tout n’attend de toi
Qu’une seule chose : que tu lui livres en toi
Ce passage charnel
Vers sa plus intime légèreté, son être musical ;

Ligne après ligne, tu t’achemines
Vers ce nouage lumineux
Qui fait de ton corps autre chose qu’un corps :
Une sorte de tranchée vive dans le silence des pierres,
Un jardin où rien ne prend racine mais où éclot
La fleur du moindre souffle ;
Tu laisseras, bien sûr, à la lumière le soin du dernier mot,
Et à l’amour celui d’ouvrir les vannes de la nuit.

Christian Monginot, le Miroir des solitudes.
L’Herbe qui tremble, 2014.


Mardi 16 décembre 2014 | La poésie ce matin | Aucun commentaire