L’alphabétisation en marche

24 septembre | Libralire | 19 heures

Rencontre autour d’Alphabétiques

Librairie Libralire
116 rue Saint-Maur
F-75011 Paris


Vendredi 18 septembre 2015 | Actuelles | 1 commentaire


Voilà

Hier matin, conférence de presse. Comme on s’ennuie poliment, on se met à tenir des statistiques. C’est amusant et ça fait passer le temps. Les conférences de presse sont un observatoire privilégié des tics de langage et de leur mode fluctuante. Au terme de nos observations, nous pouvons confirmer l’essor spectaculaire de voilà, employé à tout bout de champ pour introduire, ponctuer ou conclure tout type d’énoncé ou remédier aux pannes d’inspiration. En deux heures de laïus, ce nouveau champion tout usage fut prononcé pas moins de trente-neuf fois par les divers intervenants. Le mot caracole loin devant effectivement (vingt-cinq occurrences) et bien sûr (quatorze occurrences). Suivant ce trio de tête, notre vieil ami quelque part se maintient en position honorable (prononcé neuf fois), devant le peloton serré d’en tout cas (sept mentions), justement et bien entendu (six occurrences), évidemment (cinq mentions) et en fait (prononcé quatre fois). On notera l’effondrement de je veux dire, naguère grand favori (une seule occurrence). Le citoyen a toujours la cote (espace citoyen, changement citoyen, etc.). Enfin, il est devenu ringard de réfléchir à quelque chose. On réfléchit sur, c’est beaucoup plus chic.


Mercredi 9 septembre 2015 | Broutilles | 5 commentaires


Rentrée

Le nouveau est un de ces poisons excitants qui finissent par être plus nécessaires que toute nourriture ; dont il faut, une fois qu’ils sont maîtres de nous, toujours augmenter la dose et la rendre mortelle à peine de mort.
Il est étrange de s’attacher ainsi à la partie la plus périssable des choses, qui est exactement leur qualité d’être neuves.
[…]
Le goût exclusif de la nouveauté marque une dégénérescence de l’esprit critique, car rien n’est plus facile que de juger de la nouveauté d’un ouvrage.

Paul Valéry, Choses tues (1930),
repris dans Tel Quel I (1941)

Notre coup de cœur de la rentrée : Trois Tristes Tigres de Guillermo Cabrera Infante (1965, traduction d’Albert Bensoussan avec la collaboration de l’auteur, Gallimard, 1970). La quatrième de couverture (ci-dessous) propose une véritable analyse qui nous dispense d’un long commentaire sur ce livre foisonnant, polyphonique et jubilatoire. On espère voir un jour l’adaptation qu’en tira Raoul Ruiz en 1968, entreprise impossible — mais rien n’était impossible à l’homme qui s’attaquera trente ans plus tard au Temps retrouvé.



Mardi 1 septembre 2015 | Actuelles, Grappilles | 1 commentaire