Couleurs acides, poses impossibles, androgynie, élongation des corps, lignes serpentines : deux incroyables saints maniéristes, si peu conformes à l’iconographie classique. Jamais on ne vit de saint Michel aussi féminin ; jamais — sauf ignorance de ma part — on ne vit de saint Jérôme aussi glabre.
Typiquement, le saint Michel de Bronzino est privé d’un de ses deux emblèmes, le glaive, au profit de la seule balance ; tandis que, chez Pontormo, le lion de saint Jérôme est rejeté à la périphérie de l’image (bord cadre, à droite, au-dessus du pan de tissu rouge). Le peintre maniériste, s’adressant à une élite cultivée, marie une certaine ostentation dans la démonstration de sa virtuosité à une pratique de l’allusion qui ne se déchiffre pas au premier abord.
Images extraites du remarquable catalogue de l’exposition du musée Städel de Francfort, Maniera (2016, disponible en langue anglaise). Ouvrage recommandé à tout amateur de peinture maniériste.
Agnolo Bronzino, Saint Michel Archange (env. 1525-1528)
Jacopo Pontormo, Saint Jérôme pénitent (env. 1528-1529)
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