Une maison-livre

30 000 volumes. Dans la maison de cet enseignant, érudit et chercheur (appelons-le André Durand), les livres s’accumulent des planchers aux plafonds et des corridors aux chambres en passant par les escaliers. Les uns sont rassemblés sur des rayonnages qu’ils partagent avec toutes sortes d’objets de curiosité, les autres s’entassent, par ordre d’arrivage, en des piles à l’équilibre précaire. Ils envahissent toutes les pièces à l’exception notable de la cuisine-salle à manger, dont le dépouillement délibéré contraste avec le reste de la maison, bien que s’y trouve réunie une modeste collection de chaises, car l’homme s’intéresse aussi au design.

« Il n’y a pas de classement, il n’y en a plus. C’est un mille-feuilles, ce sont des strates, et je suis le seul à pouvoir m’y retrouver. Au départ, ma bibliothèque s’ordonnait autour d’ensembles thématiques classés par ordre chronologique et/ou par collections : les littératures du monde entier, la littérature gréco-latine, le surréalisme auquel je me suis longtemps intéressé, les livres d’art regroupés autour de la collection L’Univers des formes, etc. »

« Au fil des ans, ma bibliothèque de travail a pris des proportions telles qu’elle a dévoré tout l’espace. Il a fallu faire de la place et cela a entraîné la dislocation progressive de l’ensemble. Des domaines ou des auteurs auxquels je m’intéressais moins ont été exilés au grenier où ils sont devenus en pratique inaccessibles. J’ai même mobilisé le grenier de quelques amis. »

Le domaine de recherches d’André Durand se trouve à la croisée de plusieurs champs du savoir (littérature, arts graphiques, histoire, anthropologie…). L’écriture du moindre article nécessite une documentation considérable. AD, qui reçoit une centaine de livres par mois en service de presse, en achète également de 500 à 600 par an. « Un travail sérieux se doit d’être nourri. Et comment le nourrir, si ce n’est en faisant de nouvelles acquisitions ? »


Dimanche 25 novembre 2007 | Bibliothèques |

2 commentaires
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Trop fascinant. Qui prend les poussières?

Commentaire par Caroline Lamarche 10.25.08 @ 7:29

Magnifique !
Dans ce genre de cas, il en effet est fort sage (lorsqu’on le peut, évidemment) de conserver une pièce sans étagères ni livres — sans quoi on étouffe légèrement.

L’expérience d’une telle accumulation de livres (et des affres conséquentes du classement…) est délicieusement narrée dans le petit ouvrage de Jacques Bonnet paru en 2008, Des bibliothèques pleines de fantômes.

Commentaire par George Weaver 08.28.12 @ 4:58



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