Ce qu’ils lisent

Dans le train Liège-Bruxelles
- Un jeune homme barbu chausse des lunettes et reprend sa lecture de Shakespeare: Othello suivi de Macbeth dans l’édition du Livre de poche.
- Un trentenaire branchouille discute le coup au téléphone. Sur sa tablette repose un manga de Tite Kubo, Bleach.
- Un quinquagénaire au bouc sévère, vêtu d’un survêtement de sport, lit un volume de fantasy, De Dwergen de Markus Heitz.
- Veste de cuir ouverte sur un débardeur d’un vert vif, en voilà un que la crise n’empêche pas de dormir. L’homme roupille en effet la bouche ouverte, ayant posé à ses côtés De Internationale Kredietcrisis de George Soros.
- Un jeune homme replet à longs et fins favoris est plongé dans un album de Largo Winch.
- Un peu plus loin est assise une jeune femme bicolore : pull violet, jupe noire, bas violets, chaussures noires. Même les écouteurs pourpre et noir de son lecteur mp3 sont assortis à sa tenue. Seule la couverture de son livre jette une tache orangée au milieu du portrait. Il s’agit de De Koperen Tuin de Simon Vestdijk.

Bruxelles
- Sur le quai de la station Louise, une fillette attend le métro avec sa mère en lisant un volume de la série Max et Lili.
- Dans le métro, direction Simonis, un homme au visage buriné, portant veste de daim, ouvre un exemplaire fatigué de la Bandera de Pierre MacOrlan. Exploitez la puissance de votre subconscient, intime pour sa part à une lectrice assise le Dr Joseph Murphy.
- Dans le même wagon, un jeune homme en manteau noir interrompt sa lecture des Moustaches radar de Salvador Dalí pour répondre au téléphone. Il informe son correspondant qu’il arrive à la station Rogier et lui propose d’aller se boire un petit café.

Bruxelles - Gare centrale
- Sur le quai n° 1, un homme à cheveux longs et barbe de trois jours vêtu d’une veste de cuir (encore une) lit The Man Within de Graham Greene dans une édition Penguin datant des années 1970, au vu du graphisme de la couverture.

Dans le train Bruxelles-Liège
- Une rousse plantureuse a délaissé la lecture d’Improbable d’Adam Fawer pour tirer de son sac divers petits pots de produits de beauté dont elle respire la fragrance.


Mardi 9 décembre 2008 | Ce qu'ils lisent |

6 commentaires
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Toujours savoureux, ces relevés.

Commentaire par Didier da 12.11.08 @ 9:38

Ici à Paris , beaucoup de gens lisent les journaux gratuits le matin dans le métro, je trouve ça un peu triste, mais moi je vais souvent en vélo et en vélo , on ne lit pas en général.

Commentaire par radzimire 12.11.08 @ 8:50

Ce matin, dans la ligne B du RER, un jeune homme se mordait les joues de rire en lisant… ah, un livre de Woody Allen paru chez Pavillons Laffont. J’ai pensé à vous.

Commentaire par ASH / Visage vert 12.12.08 @ 12:19

Au fil des lectures, trouvé ceci, quand l’auteur faisait toutes les semaines en train le trajet Paris-Nancy : “… un oeil sur ce que lisent les gens, l’habitude depuis des années prise de déchiffrer au vol les titres (avoir vu une fois quelqu’un lire un livre de Jean Echenoz et l’envie réprimée qu’on a d’aller taper sur l’épaule et dire : Je le connais, c’est un ami !) ou au contraire ce dont on voudrait les mettre en garde quand la marchandise imprimée vous semble frelatée ou trop lisse, qu’on aimerait parler avec eux de quelle lecture plus âpre ou râpeuse ils seraient en attente…”
François BON “Paysage fer” Verdier (2000) page 46

Commentaire par Raminagrobis 12.15.08 @ 4:33

j’adore ces portraits, il faudrait en faire une petite publication, peut-être avec des illustrations? J’en profite pour vous dire que je vous ai désigné pour un Prémio dardos, c’est un prix de mérite (symbolique). amicalement.

Commentaire par popelina 12.17.08 @ 9:12

Merci à tous pour les compliments, les pensées, les citations (faudra bien que je me décide à lire François Bon).

À Radzimire : si cela peut vous rassurer (façon de parler), par ici aussi dans les transports en commun, la majorité des lecteurs sont plongés dans les gratuits.

À Popelina : l’idée m’a fugitivement traversé l’esprit ; mais je crains que, lus à la file, ces relevés deviennent monotones. Et merci pour les lauriers symboliques. Je suis ravi et touché d’être lu à Lisbonne, ville chère à mon cœur.

Commentaire par th 12.18.08 @ 1:39



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