16 juin
Dans le Thalys Liège-Paris
— Ma voisine, une brune vêtue d’un complet bleu ligné, lit Die Dynamischen Gesetze des Reichtums de Catherine Ponder. Nous faisons un brin de causette. C’est une franco-lusitanienne polyglotte établie à Bonn, où elle exerce un de ces emplois mystérieux de consultante en entreprise. Elle s’adonne aussi à la peinture, a exposé à quelques reprises et vient d’illustrer un livre pour la jeunesse d’un auteur turc.
— Une jeune femme châtain bouclée revient s’asseoir et reprend le roman qu’elle avait laissé sur son siège, Unser Allerbestes Jahr de David Gilmour, à couverture bleu ciel.
— Autre couverture bleu ciel, celle du livre qu’a posé sur sa tablette un moustachu poivre et sel, et dont le titre se termine par für Allen.
— À Bruxelles monte une dame tenant en main The Girl With the Dragon Tatoo de Stieg Larsson.
— Couverture jaune tapant à lettres rouges, c’est Pygmy de Chuck Palahniuk, que lit un adolescent.
Paris
— Sur le quai de la Gare du Nord réservé aux Thalys, un jeune homme blond en complet bleu est plongé dans Un taxi mauve de Michel Déon.
— Place Saint-Michel, une jeune brune à lunettes vêtue d’un polo marin attend le feu vert en lisant l’Âne d’or d’Apulée.
— Un couple de quinquagénaires assis à la terrasse du Danton. Sur leur table, l’Homme symbiotique de Joël de Rosnay.
— À la Boucherie roulière, rue des Canettes, un barbu en complet gris arborant un livre de Jean-Christophe Ruffin entre à 20 h 50 et rejoint ses amis déjà attablés.
18 juin
— Dans le métro, direction Porte d’Orléans. T-shirt noir et barbe de trois jours, un trentenaire lit The Penguin History of New Zealand de Michael King. Dans le wagon d’à côté, un lecteur de Stefan Zweig.
— Correspondance direction Gare d’Austerlitz. Une lectrice entreprend de Comprendre la Chine aujourd’hui sous la houlette de Jean-Luc Domenach.
— Le soir vers 22 heures, direction Porte de Clignancourt, un barbu ténébreux tient entre les mains Dans la chaleur vacante d’André du Bouchet. Plus loin, une vieille dame — manteau mastic, foulard coloré — lit J’habite en bas de chez vous de Brigitte en remuant consciencieusement les lèvres. Aux Halles, monte un jeune homme à queue de cheval qui ouvre un polar d’Ian Rankin.
21 juin
Dans le Thalys Paris-Liège
— Une executive woman en tailleur apprend avec Jean-Pierre Coffe comment Recevoir [ses] amis à petit prix.
— Une brune frisée lit les Âmes vagabondes de Stephenie Meyer.
Un commentaire
Laisser un commentaire
Je rêve de me retrouver un jour dans une de ces chroniques. C’est beau, plein de vérité et de poésie.
Commentaire par Manu 08.28.10 @ 8:29