Toutes ces petites choses qu’on apprend en lisant des polars.
Quand il eut terminé de manger, il passa aux toilettes et, en ressortant, il pensa enfin à s’acheter le journal. USA Today coûtait soixante-quinze cents, il introduisit trois quarters mais il remarqua à ce moment-là que le distributeur voisin proposait le New York Times du jour. Il appuya sur le bouton « remboursement », récupéra ses pièces, en ajouta une quatrième et acheta le Times. Comme il regagnait sa voiture, il songeait déjà à la manière dont il attaquerait le journal. D’abord les actualités locales et nationales, ensuite le cahier « Sport » et enfin les mots croisés. Quel jour était-on, au fait ? Jeudi ? La difficulté de la grille augmentait de jour en jour, du lundi qui était à la portée d’un gamin de dix ans assez doué au samedi qui donnait souvent à Keller l’impression d’être légèrement retardé. Celle du jeudi était juste comme il faut. Il arrivait d’habitude à la terminer, mais ça lui demandait de la réflexion.
Il s’installa au volant, se mit à l’aise et entama sa lecture. Il n’arriva jamais aux mots croisés.
Lawrence Block, Keller en cavale.
Traduction de Frédéric Grellier, Seuil, 2010.
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