Le site est très connu, me dit-on, des férus d’art brut. Je n’en avais jamais entendu parler avant que BC ne me convie à une randonnée pédestre jusqu’à Rothéneuf, à cinq kilomètres de Saint-Malo.
Adolphe Julien Fouéré, dit l’abbé Fouré (1839-1910), fut une sorte de Facteur Cheval en soutane. Atteint de surdité et de problèmes d’élocution suite à une attaque d’hémiplégie, il fut déchargé de son ministère à l’âge de cinquante-quatre ans. Retiré à Rothéneuf, il entreprit de décorer sa maison de sculptures en bois (aujourd’hui disparues), avant d’entamer sur une falaise surplombant la mer une œuvre monumentale directement taillée dans la roche, qu’il poursuivit jusqu’à sa mort.
Comme beaucoup d’artistes dits naïfs, Fouré a puisé son inspiration à des sources multiples qu’il a mariées en un syncrétisme très personnel. Les figures légendaires et les personnages historiques côtoient ici les saints bretons, les animaux et les monstres marins imaginaires. À plus d’un endroit, on pressent que c’est la forme naturelle même des rochers qui lui a suggéré les figures qu’il y a sculptées, et dont certaines, à peine esquissées, semblent des corps pétrifiés dans la lave. L’érosion inévitable et son lent travail d’effacement confèrent à l’ensemble une poésie supplémentaire.
Il n’y avait pas un chat l’après-midi de notre visite, mais on se marche sur les pieds les week-ends et les jours fériés, au dire du jeune gardien du site, installé dans une guérite datant au moins de l’après-guerre — avis, donc, aux amateurs : passez si possible en semaine, hors des périodes de congés. C’est un de ces lieux magiques qu’on a envie, ne fût-ce qu’un moment, d’avoir pour soi seul. Un petit banc de pierre, que j’ai oublié de photographier, invite à la lecture bercée par le bruit des vagues qui viennent frapper les falaises. En face, une île mystérieuse où l’on a cru distinguer une habitation.
3 commentaires
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Bonne présentation de l’Abbé Fouré et de son Oeuvre.
En fait, je dois vous dire que c’est le contraire qui s’est déroulé: l’Abbé a d’abord taillé la pierre et ensuite le bois lorsqu’il n’avait plus la force physique d’aller dans les Rochers.Pour ce qui est du jeune gardien et de la guérite datant d’avant guerre, lui est petit fils des propriétaires et la guérite fut mise sur place pour faire payer les visiteurs; ce que l’Abbé n’a jamais fait de son vivant où, pourtant, il y avait aussi de très nombreux visiteurs venant de tous les pays (il y a environ 30 cartes postales sur les 450 existantes de l’époque, qui confirment ceci).
De même, si les sculptures bois ont disparu; il faut regarder du côté de la famille qui détient les Rochers, car c’est eux qui avaient la quasie totalité des oeuvres au moment de la guerre 40…qu’ont ils fait de ces sculptures bois???Dieu seul le sait.
Une galerie de Paris ‘abcd’ a certains meubles sculptés par l’Abbé, comme le fauteuil qui se trouve sans protection (ceci dit en passant) dans la guérite…
Une Association essaye de promulguer l’oeuvre de l’Abbé et de protèger son oeuvre restante: l’Association des Amis de l’Oeuvre de l’Abbé Fouré ; voir http://rochersrotheneuf.wordpress.com/
Merci de votre documentaire
Formidable,vraiment ! Il m’a même semblé retrouver quelque chose de BC dans l’amène sourire de l’avant-dernière photo. Un ancêtre brut ?
Commentaire par profquifesse 06.17.11 @ 9:07