Je revois le coude que faisait dans l’espace la branche d’un érable au-dessus du banc sur lequel je m’étais assis pour lire les premières pages de la Vie de Henry Brulard. Il y a combien d’années ? Devant moi le Saint-Laurent s’étalait, large comme un golfe, jusqu’à La Prairie. Un rideau d’arbres dessinait l’autre rive d’un trait tiré à la règle. De gros cumulus blancs glissaient au-dessus de l’eau. Ce paysage reste indissolublement lié pour moi à ce livre, autant que celui de Rome que Stendhal évoque à sa première page, que j’ai connu bien plus tard. Les circonstances dans lesquelles on découvre un livre lui ajoutent des touches définitives. Personne ne lit le même.
Robert Melançon, Exercices de désœuvrement, Le Noroît, 2002.
Dimanche 7 juin 2015 | Grappilles |
Pas de commentaire
Laisser un commentaire