J’ai sans doute déjà du te le faire savoir, mais je tenais à saluer une nouvelle fois ta démarche, tant c’est le genre de détails que j’aime pareillement repérer, et qui impliquent toujours un léger décalage de regard quand on se promène en villes.

E.

Merci. Plus j’y songe et plus il me semble que cette monomanie a à voir avec l’enfance et l’époque de l’apprentissage de la lecture ; ce moment où le monde devient un monde à lire, où l’on se met à tout déchiffrer : le dos des boîtes de céréales au petit déjeuner, les publicités, les panneaux de signalisation, les enseignes des magasins. En tous les cas, ce goût de la signalétique urbaine remonte à cette époque pour moi, bien avant l’éveil de l’intérêt pour la typographie. De là sans doute mon attirance spontanée pour les typos désuètes, les enseignes murales en voie d’effacement, modestes témoignages de la sédimentation urbaine, de la persistance de la ville d’hier dans la ville d’aujourd’hui.

Ce qui me fascine aussi, c’est que ces typos que tu pointent sont la plupart du temps associées à des façades de commerces ou de bâtimens soit abandonnés, soit qui sont restés dans le jus de leur époque. Dès lors, je vois ça comme un vieux phare qui continuerait à fonctionner sans que la plupart des gens y fassent encore attention, et c’est leur faire honneur que de leur accorder encore notre regard.

E.

Par conséquent, je ne relis pas ma propre prose et la poste pleine de fôtes…

E.

Lourmarin, Cucuron, Aix… nous y étions quelques jours avant toi. Ils ne t’ont rien dit ?

Mince alors. Ç’aurait été marrant de nous croiser par hasard à une terrasse de café.