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J’éprouve une vive admiration pour les concepteurs de certains jeux de société ; pour le type particulier d’intelligence, à la fois astucieuse et tordue, nécessaire à la mise au point de jeux aussi originaux que Mr Jack ou Intrigues à Venise (jeu d’enquête en équipes où l’on ne connaît pas l’identité de son partenaire… pensez-y deux minutes). Ou encore ce Destination Trésor dont je guettais depuis longtemps l’apparition sur eBay, où je viens de l’acquérir pour la somme faramineuse de deux euros. J’emprunte le résumé de la situation de départ à Bruno Faidutti :
« Destination Trésor est un jeu d’exploration et de déduction. Vous avez été parachuté sur une île, vous avez une carte, mais vous ignorez où, précisément, vous vous trouvez. Votre adversaire, lui, sait où vous êtes… mais ignore où il se trouve. »
Stevenson rencontre Borges… N’est-ce pas magnifique ? On dirait le scénario d’un film de Ruiz de la grande époque.
Vintage
Parmi les choses désormais sans usage qu’on ne se résout pas à jeter figure notamment ce paquet de papier carbone. C’est là pure sentimentalité : souvenirs d’une fascination d’enfance pour les articles de papeterie et les accessoires de bureau, des premiers textes tapés à la machine (c’était une Hermès), des hurlements de rage en s’apercevant que la feuille de carbone était à l’envers et qu’il fallait recommencer la page. Et puis, j’adore la typo.
Vedute portatives
On trouve encore facilement dans les brocantes, à un prix dérisoire, ces petites pochettes de vues-souvenirs de France et d’Italie, le plus souvent dédiées à une ville ou un musée. J’ignore de quand elles datent, probablement des années 1950 et 1960. Leur format varie de 6 x 9 à 7,5 x 10 cm. Les premiers modèles consistaient en un assortiment de vingt (plus rarement ving-cinq) photographies en noir et blanc. Par la suite, les fabricants sont passés à la couleur tout en optant pour une présentation en dépliant accordéon encarté dans un carnet. Plus émouvantes que les cartes postales en raison de leur format miniature, elles pouvaient donner au voyageur l’illusion enfantine d’emporter avec lui, dans sa poche, une ville ou un lieu. Elles demeurent, aujourd’hui, un merveilleux support à la rêverie.
(Désolé pour les photos pleine d’« escaliers » ; appareil numérique de mauvaise qualité)
Rentrée
J’aime le travail. Il m’intéresse, il me fascine. Je puis rester des heures à le contempler. J’imagine tant sa présence que l’idée de me débarrasser de lui me brise le cœur. On ne pourrait me donner trop de choses à faire. Amasser du travail est devenu pour moi presque une passion. Mon bureau en est si rempli qu’à peine s’il reste assez de place pour en accueillir davantage. Si cela continue, je vais être obligé de faire agrandir ma maison.
De mon travail j’ai le plus grand soin. J’en ai là, près de moi, depuis des années, et je vous défie d’y apercevoir seulement la trace d’un doigt. Mon travail ! J’en ai la fierté. De temps en temps, je le prends et je l’époussette. Je suis certain que personne n’entretient son travail dans un état de meilleure conservation que je ne fais.
Jerome K. Jerome, Trois hommes dans un bateau