Génériques bis

  
  

Les typomanes férus de génériques — j’en connais au moins un — feront leur miel des captures d’écran de la Movie Titles Still Collection. Cent dix ans de titraille cinématographique classée par ordre chronologique, avec une possibilité de recherche par genre pour le film noir et le western. Superbe boulot de monomane comme on les aime1, et passionnant à plus d’un égard. En premier lieu, on peut y suivre décennie par décennie l’évolution des styles et des modes graphiques — depuis le triomphe de l’Art Déco dans les années 1930 jusqu’au retour au classicisme sobre, titre blanc sur fond noir, de ces dernières années. Ensuite, vous serez étonné du pouvoir d’évocation d’un simple titre de générique. Non seulement de sa capacité à réveiller le souvenir d’un film et de son ambiance avec autant de force que le photogramme d’une scène. Mais aussi à encapsuler la mémoire visuelle d’une époque vécue : se promener par exemple sur les deux pages des années 1980 vous téléporte instantanément dans cette décennie si proche et si lointaine avec l’efficacité d’une machine à remonter le temps. De la typo comme madeleine de Proust.

1. Il semble bien que le maître d’œuvre du site, Christian Annyas, n’épingle que les titres des films qu’il a effectivement vus, ce qui donne à son entreprise un cachet intime que n’ont pas d’autres sites plus exhaustifs mais plus impersonnels, tels Movie Title Screenshots Database et Movie Title Screens Page.

  
  
  
  
  
  
  
  
  


Dimanche 28 février 2010 | Dans les mirettes, Typomanie | 6 commentaires


Au travail


Source : GraphJam.


Vendredi 26 février 2010 | Grappilles | 1 commentaire


La vie des objets

Dans la vie de l’horrible travailleur, la brocante constitue l’indispensable bol d’air du vendredi matin. On ne se lasse pas d’y traquer, semaine après semaine, la modeste trouvaille qui fera le bonheur de la journée — un joli assortiment de verres ou le Donald Westlake qui nous manquait dans la Série noire —, au milieu d’un brol invraisemblable où se côtoient les perceuses et les services à café, les mini-chaînes hifi tombées du camion et les affreux Limoges dont personne ne veut, les petites voitures et les figurines de Batman, les 33 tours et les cendriers promotionnels, les cartes postales et les vieilles plaques de rue, les couteaux en argent et les armoires bancales, les Playmobil et les chandeliers, les angelots en stuc et autres bondieuseries kitsch.

On y voit se faire et se défaire le goût du jour (le design des années 1970 a présentement la cote : on s’empoigne pour un luminaire ou un radio-réveil en plastique orange vif). L’éditeur singulier pourrait sans peine y assouvir sa quête du livre à un euro ; j’y ai déniché à ce prix pas mal de Losfeld à l’époque où je les collectionnais, ainsi qu’un roman de Samuel Fuller dédicacé par le grand homme. J’y ai aussi trouvé, à force de patience, de quoi me meubler à bien meilleur compte que chez Ikea, avec des pièces autrement plus attrayantes : un bureau des années 1930, des chaises et des lampes des années 1950, et quelques bibliothèques.

Mais le plus étonnant est d’y observer la vie secrète des objets. C’est à croire qu’ils se concertent à l’insu des marchands pour organiser des semaines thématiques. Tel vendredi matin, on ne pourra pas faire trois pas sans tomber sur une machine à écrire : Remington, Hermès, Underwood, Olivetti, elles se sont toutes donné rendez-vous. La semaine suivante, il y aura des canards partout : en cuivre, en céramique, sur les vases et dans les assiettes. Tout cela est bien mystérieux.





Vendredi 19 février 2010 | À la brocante | 4 commentaires


Espèces d’espaces

Tout bibliomane est confronté tôt ou tard au manque de place.


Source : I Love Reading and Writing

Quand élever des rayonnages jusqu’au plafond ne suffit plus, il reste le loisir de coloniser les escaliers,


Source : Kate Hedin


Librairie Guagga Art and Books (Cape Town)
Source : Bibliobibuli


Source : Fubiz

d’occuper les meubles inutiles,


Source : Nihil Noetia

ou — comble du chic — de transformer les couloirs en tunnels.


Source : CuongDC


Mardi 16 février 2010 | Bibliothèques | 7 commentaires


À l’abordage

Il semble que la rumeur se confirme : le vaisseau hanté des bas-fonds serait de retour ! Le Bathyscaphe, le journal culturel le plus lent et inactuel des sept mers, devrait fêter la publication de son cinquième rapport d’expédition dès la semaine prochaine.

Ce sera, si les marées sont bonnes,

jeudi 18 février en la bonne ville de Montréal,
en rade du Port de Tête
,
262, avenue du Mont-Royal Est
à partir de 18 heures.
Pour l’occasion, on y croisera, outre les membres de l’équipage,
quelques-uns des plus patibulaires faciès de frères et sœurs de la côte
qu’il vous aura été donné de voir.
L’alcool sera gratuit et le journal pratiquement donné
pour la modique somme de 5 piastres !

Au sommaire, les travaux de Romy Ashby, Sarah-Jade Bernier, Frédéric Blanc, Daniel Canty, Maïcke Castegnier, Jeanne Castegnier-Mainville, Maxime Catellier, Benoît Chaput, Byron Coley, Bérengère Cournut, Marci Denesiuk, Julie Doucet, Alexandre Fatta, Hélène Frédérick, Joël Gayrault, Sarah Gilbert,Alan Glass, Thierry Horguelin, Thurston Moore, monsieur Moulino, Hermine Ortega, Antoine Peuchmaurd, Hannah Reinier, André Stas, Barthélémy Schwartz et Valerie Webber.

On y évoquera, entre autres et dans le désordre : le Kindle, les prédictions Maya pour 2012, François Vallejo, Otto Gross, Jacques Yonnet, Llewyn Powys, les éditions Isolato, les éditions de L’Encyclopédie des nuisances, Pierre Peuchmaurd, le cinéma sous-marin, les Melvins, Radovan Ivsic, un Botanica de New York, Gaston Bachelard, les arbres de Montréal, Juan Míro, Rabindranath Tagore, Antonin Artaud, Alan Glass, Arnaud Desjardins, Martine Aballéa, les situationnistes, Alberto Manguel, Aksak Maboul, Fernando Baez, Marcel Schwob, Álvaro Mutiz, la bibliothèque d’Hyderabad, Julien Gracq, Jean-Pierre Martinet, les définitions du dictionnaire, Natalie Dylan, Berlin la nuit, John Sinclair, Robert Giraud, J.-P. Clébert, Ramon Sender, André Hardellet, John et Yoko, Edgar Hilsenrath, Steve Gebhardt, Bakounine, Scrawl, Lao Tseu, La Chaise-Dieu, Kermaria an Iskuit, Max le perroquet, Franz Jung, le Ipad et les éditions Nautilus.

LE BATHYSCAPHE EST UN ESQUIF SANS PUBLICITÉ NI SUBVENTION !
C’EST VOUS QUI FAITES TOURNER L’HÉLICE !
CULTURE INACTUELLE - PLAISANTERIES DOUTEUSES - ÉQUIPE INTERNATIONALE

(Via Des nouvelles de L’Oie.)


Vendredi 12 février 2010 | Actuelles | 2 commentaires


Ce qu’ils lisent

2 février
Liège
— En attendant le début d’une réunion culturelle dans une annexe de l’Hôtel de ville, un homme à queue de cheval lit Une petite ville en Allemagne de John Le Carré.

3 février
Liège
— Dans l’autobus 4, un jeune homme blond lit un roman de Robert C. Wilson publié dans la collection Folio SF.
— Gare des Guillemins, un homme monte en première classe avec Underworld USA de James Ellroy.
Bruxelles
— Note socio-vestimentaire du jour : la lectrice est une jeune femme en manteau noir, que seule singularise la couleur de son écharpe.
— Dans le métro, direction gare de l’Ouest, notre premier spécimen porte une écharpe pourpre et lit O coborire in infern de Doris Lessing, traduction roumaine (sauf erreur) de Briefing for a Descent into Hell.
— Gare centrale, quai n° 3. Assise sur les marches de l’escalier, notre deuxième spécimen (écharpe vermillon) s’absorbe dans le Miroir de Cassandre de Bernard Werber.
— Debout un peu plus loin, une autre lectrice (écharpe bleu ciel) referme un livre néerlandais relié sous une couverture rouge (Schaduw Loper ou quelque chose du genre) pour papoter avec l’amie qui vient de la retrouver.
— Également debout, une quatrième jeune femme (écharpe violette) attend son train en lisant Theorizing Surveillance. The Panopticon and Beyond, collectif sous la direction de David Lyon.
— Le manteau noir a aussi les faveurs du lecteur. Celui-ci tient sous le bras The Keizer quelque chose. Celui-là, monté dans le train de Louvain-la-Neuve, a posé sur sa tablette l’Affaire Toutankhamon de Christian Jacq (exemplaire de bibliothèque).
Dans le train Bruxelles-Liège
— Un jeune lecteur de l’Ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon et un trentenaire barbichu plongé dans Une couronne d’épées de Robert Jordan.


Mercredi 3 février 2010 | Ce qu'ils lisent | Aucun commentaire


Librairies du monde (3)


Bart’s Books (Ojai, Californie). Photo John Platt.


Brattle Bookshop (Boston). Photo Paco Seoane.


Photo Yeksitra.


Installée dans une cabine téléphonique désaffectée, la plus petite librairie d’occasion du monde
(Krimmensen, Allemagne). Photo Photoelectrique.


Mardi 2 février 2010 | Le monde du livre | 3 commentaires