Tweet Fiction

Autopromotion. Quel mystérieux virus corrompt les livres numériques et met le souk dans la littérature mondiale ? Vous le saurez en lisant Tweet Fiction, qui paraît aujourd’hui dans le no 282 de la revue Marginales. Pour que la forme réponde au fond, une aimable contrainte pimente le tout : la nouvelle est construite sur le mode d’un échange sur Twitter, soit avec des messages n’excédant pas 140 signes. Ce fut, ma foi, fort amusant à tricoter.
Marginales est distribuée en librairie par Joli Mai (Belgique) et par la librairie Wallonie-Bruxelles (France).


Lundi 23 avril 2012 | Actuelles | Aucun commentaire


Ce qu’ils lisent

Improbable mais vrai. À Bruxelles, au Trappiste, un client absorbé dans la saine lecture du Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale. On se sent moins seul, du coup.


Mardi 17 avril 2012 | Ce qu'ils lisent | 9 commentaires


Ceux qui lisent



Dans le train Padoue-Venise


Aéroport Venezia Marco-Polo


Vendredi 13 avril 2012 | Ce qu'ils lisent | Aucun commentaire


Le jardin aux sentiers qui bifurquent

À San Giorgio Maggiore, l’ancien monastère abrite depuis 1951 la fondation culturelle Giorgio Cini. Derrière les deux cloîtres, une réplique du jardin-labyrinthe conçu par Randoll Coate en hommage à Borges. L’ouvrage adopte la forme d’un livre ouvert où se lit deux fois, en miroir, le nom de Borges. Dans cette première image s’inscrivent à leur tour, comme en un palimpseste, le prénom Jorge Luis ainsi qu’un sablier. Pour atteindre la terrasse dominant le jardin, il faut — c’est de circonstance — traverser une bibliothèque spécialisée dans l’histoire de l’art, le théâtre et la musique, qui réunit 15 000 volumes.



La nouvelle bibliothèque


et l’ancienne.




Dilemme

Le dilemme rohmérien qui se présente régulièrement au promeneur vénitien.

 


Éric Rohmer, la Place de l’Étoile


Mercredi 11 avril 2012 | Pérégrinations | 1 commentaire


C’est là qu’on sonne

Même dans une ville photographiée jusqu’à l’épuisement, il surgit toujours un détail urbanistique qu’on n’attendait pas. Le premier interphone/boîte aux lettres apparu sous nos yeux à Venise, on l’a naïvement pris pour un charmant hapax, avant de découvrir au fil des rues qu’il se déclinait en des centaines de variantes. Certains d’entre eux semblaient nous faire signe (en particulier ceux qui font irrésistiblement penser à des visages aux grands yeux ronds, interloqués), repères modestes d’un parcours secret invitant à se perdre dans le lacis des venelles les plus reculées. Entre quête de l’infra-ordinaire et tentative d’épuisement d’un particularisme vénitien, on s’est mis à les traquer de manière quelque peu obsessionnelle. En voici un échantillon.



Sonnettes visages


















Mardi 10 avril 2012 | Pérégrinations | 6 commentaires


Baffo



Campo San Maurizio

De Zorzi ou Giorgio Baffo, qu’admiraient Stendhal, Apollinaire, Desnos et Mandiargues, j’aurais aimé citer ici quelques-uns de mes textes préférés, mais mon exemplaire des Œuvres érotiques (Zulma, préface de Pascal Dibié) semble avoir disparu dans les profondeurs de la bibliothèque. L’édition Zulma reprend la traduction en prose du chevalier de Ribeaucourt (1876). La Musardine a réédité en deux volumes la traduction en vers d’Alcide Bonneau publiée en 1884 par Isidore Liseux. Enfin, le poète Maurice Regnault (1928-2006) avait traduit un ensemble de sonnets, paru en 1983 chez Action poétique (voir ici et ). On a donc le choix. En attendant, voici quelques extraits du fameux texte d’Apollinaire (introduction à l’anthologie des « Maîtres de l’amour », 1910, reprise dans les Diables amoureux, Gallimard, 1964).

Baffo, ce fameux vérolé, surnommé l’obscène, que l’on peut regarder comme le plus grand poète priapique qui ait jamais existé et en même temps comme l’un des poètes les plus lyriques du XVIIIe siècle, écrivait dans ce patois vénitien qu’ont illustré un grand nombre d’ouvrages remarquables dans tous les genres. […]
Le patois vénitien a une douceur unique. La grâce et la mollesse s’y mêlent dans des proportions si justes qu’il favorise avant tout le lyrisme érotique bien qu’une littérature patoise soit presque toujours satirique. On peut dire qu’à Venise, la satire fut surtout voluptueuse. […]
Les poèmes de Baffo ne parurent pas de son vivant. Trois ans après sa mort, ses amis firent paraître un recueil qui contenait près de deux cents pièces. L’édition de 1789, due à l’admiration que Lord Pembroke éprouvait pour le poète vénitien, en contient un nombre beaucoup plus grand. L’édition de Liseux qui comporte le texte et une traduction française donne quelques pièces inédites. […]
Ce poète qui fit souvent songer à Horace avait avant tout du bon sens, et la raison ne gênait point son lyrisme.
Pour ce qui est de son obscénité, on peut répondre que le Baffo a chanté ce qu’il a voulu et que ce qu’il a voulu chanter était ce qui lui plaisait le plus : l’amour. Il l’a fait en toute liberté et avec une grandeur que le patois vénitien ne paraissait pas devoir rendre. […]
Le Baffo était content de son époque, il était heureux de vivre, et de vivre à Venise, ville amphibie, cité humide, sexe femelle de l’Europe.
Sans le Baffo, on n’imaginerait pas tout ce que fut la décadence pleine de volupté de la Sérénissime République. Par lui nous connaissons la vie sexuelle de Venise, les fêtes, les Osterie, les Casinos, le Jeu, les Ballerines, les Nonnes libertines. Il n’est pas de petit événement que le Baffo ne chante avec une obscénité sublime : c’est la venue du duc d’York, c’est l’élection d’un nouveau pape, ce sont les débuts d’une actrice, ce sont les mésaventures des jésuites.
Les poésies manuscrites du Baffo couraient la ville. Les jeunes femmes les lisaient en goûtant des sorbets. Cette société raffinée qui vivait à l’anglaise était frappée par un lyrisme auquel les poètes de l’époque ne l’avaient point accoutumée.