À la page des champs
au-dehors
ou contre le mur de la nuit
j’en reviens toujours
à ces voix endormies
au fond de nous
et que l’encre contientcomme un feu sous la neige.
Christophe Mahy, la Flamme du seul.
L’Herbe qui tremble, 2014.
À la page des champs
au-dehors
ou contre le mur de la nuit
j’en reviens toujours
à ces voix endormies
au fond de nous
et que l’encre contientcomme un feu sous la neige.
Christophe Mahy, la Flamme du seul.
L’Herbe qui tremble, 2014.
The Flight of the Phoenix (1965) de Robert Aldrich vient à peine de commencer que le vieux coucou piloté par James Stewart, secoué dans une tempête de sable, s’écrase au cœur du Sahara en faisant deux victimes : William Aldrich et Peter Bravos, soit le fils et le gendre du cinéaste ! Pour ajouter à l’humour noir, ils meurent écrabouillés moins d’une minute après avoir été dûment mentionnés au générique, sur le même pied que les vedettes du film (outre Stewart : Richard Attenborough, Hardy Krüger, Peter Finch, Ernest Borgnine, Dan Duryea, George Kennedy, Christian Marquand, etc.) C’est un peu comme si Aldrich moquait le népotisme bien connu du monde du cinéma : oui, j’emploie mes proches comme tout le monde, mais moi je m’en débarrasse dès la première bobine ! En outre, ledit générique parodie par anticipation celui des films catastrophes du genre Airport et leur casting all-star, qui fleuriront quelques années plus tard (en fait, tout le film peut se voir comme une critique anticipée du cinéma catastrophe). Humour et clin d’œil familial à part, tout Aldrich est présent dans ces quelques minutes : ruptures de ton, esthétique du paroxysme, dynamitage des genres et de leurs conventions. Et si The Flight of the Phoenix est sans conteste un film mineur au sein d’une filmographie riche en chefs-d’œuvre, il est passionnant de voir le cinéaste y malaxer quelques-uns de ses thèmes de prédilection : les conditions de survie d’un groupe affrontant une situation-limite, les tensions et les rapports de force au sein de ce groupe, la monomanie poussée jusqu’à la folie et au délire de grandeur (Krüger), l’ambiguïté des conduites d’héroïsme. Le moment où Stewart et Attenborough découvrent le « secret » de Krüger (j’essaie de ne rien révéler) est stupéfiant.
William Aldrich…
… et Peter Bravos, ou ce qu’il en reste après dix minutes de projection.
On a eu la curiosité d’en savoir plus sur le fiston. William Aldrich, nous apprend IMDB, tint des petits rôles dans quatre films de son père et occupa la fonction de producteur associé sur quatre autres. Producteur exécutif de The Sheltering Sky de Bertolucci, il produisit également les remakes de The Flight of the Phoenix et What Ever Happened to Baby Jane ?
Ce matin à la brocante, les deux premiers numéros des Cahiers de l’énergumène, contenant respectivement un article de Patrick Mauriès sur Bernard Berenson et un essai de Mario Praz sur Winckelmann, qui ont suffi à en motiver l’emplette. Prenant la suite de la revue l’Énergumène, ces Cahiers furent fondés en 1982 par l’historien d’art Gérard-Julien Salvy, auquel on dut par la suite la création des éditions Salvy, d’excellente mémoire. L’esprit de ce semestriel imprimé sur beau papier est cousin de celui du Promeneur. Des inédits de « grands anciens » voisinent des contributions d’auteurs contemporains, le tout entrecoupé d’ensembles sur l’architecture et de portfolios consacrés à des artistes et des photographes. Au sommaire des deux premiers numéros, des textes de Joyce, Isherwood, Gombrowicz, Umberto Saba, Jean Pavans, René de Ceccatty, Jean-Noël Vuarnet, et même la recette du risotto à la milanaise par nul autre que Carlo Emilio Gadda.
J’ai trouvé ici un entretien avec Gérard-Julien Salvy, dont on ne s’étonnera pas de découvrir le cosmopolitisme, la passion de la collection et l’intérêt pour l’histoire du goût.