Chambres
rue Waverly (Montréal) encore et toujours, mai-juin 2009
La présence amicale du chat Le Charbonneur, les réveils triomphaux au son de John Coltrane ou d’un disque entêtant de Bonnie « Prince » Billy, The Letting Go, des livres rares traînant dans tous les coins : aucun doute, nous sommes de retour rue Waverly, où nous aurons vécu en direct les affres et les transes de la fabrication du Bathyscaphe n° 4, rêvé sur les superbes collages d’Alan Glass, surréaliste canadien établi de longue date au Mexique, frémi en découvrant les objets médusants d’Alexandre Fatta (reproduits dans une plaquette intitulée l’Œil liquide), et picoré dans l’excellente revue Stop Smiling : copieux numéro consacré au jazz, long entretien avec le regretté J.G. Ballard, etc.
Chambres
Hôtel Campanile, à Saint-Quentin en Yvelines, ville nouvelle dont l’architecture
pourrait être qualifiée de stalinienne post-moderne.
Chambres
Retour rue de Montyon, chez la chatte Turbine.
Paris, fin mars 2009.
Chambres
Bruxelles, mars 2009.
Camping dans une cuisine désaffectée.
Forest, mars 2009.
L’industrie du lit gonflable a fait beaucoup de progrès.
Overijse, mars 2009.
Sentiment d’être au bout du monde.
Chambres
Paris, rue de Montyon, décembre 2008
Chambre ‘pataphysique
Paris, Hôtel Jarry, juin 2008
En novembre 1897, rapporte Noël Arnaud, Alfred Jarry s’installa dans un logis exigu, au « deuxième et demi » d’un immeuble de la rue Cassette. Deuxième et demi, car le propriétaire, du genre marchand de sommeil, avait coupé en quatre, dans le double sens de la surface et de la hauteur, l’appartement du deuxième étage, quadruplant ainsi la valeur locative de son bien. « En scindant en deux dans le sens horizontal l’appartement du second étage, très haut de plafond, on a créé un vrai second étage, de dimensions normales, et un second et demi, ou faux troisième, très bas de plafond » (1,65 m). Jarry, heureusement pour lui, mesurait 1,61 m – mais ses visiteurs étaient tenus de courber l’échine pour circuler dans ce quart de logement.
Nul doute, donc, qu’il se serait trouvé plus qu’à son aise dans l’hôtel au confort spartiate qui porte son nom, en cette chambre du cinquième étage sans ascenseur, où l’on ne fournit pas même le savon. Et peut-être, dans ce dernier détail, faut-il voir un hommage involontaire de plus à l’auteur d’Ubu roi, qui professait comme on sait une sainte horreur de l’eau, « ce liquide si abrasif et dissolvant qu’on s’en sert pour les lessives et que, lorsqu’on le mêle à un liquide pur, l’absinthe par exemple, celui-ci se trouble » (cité de mémoire).
Chambres
retour rue Waverly, Montréal, mai-juin 2008
Au-delà de son hospitalité légendaire, loger chez le très-excellent B. C. ne procure que des avantages. Celui de profiter d’une bibliothèque abondamment fournie en trésors — depuis des Série noire épuisés jusqu’à de mirifiques plaquettes surréalistes, en passant par la revue américaine n + 1, le somptueux ouvrage de Laetitia Wolf sur Massin, ou Gaspation du bédéiste Charlie Schlingo, dont l’humour méchamment dingue et tordu est source d’hilarité insane (au grand effroi du chat de la maison). Celui de petit-déjeuner en fanfare au son d’Olé de John Coltrane, de Chris McGregor & les Brotherhood of Breath — B. C. aime les réveils qui décoiffent —, ou du singulier chanteur folk Michael Hurley, qui aura calmement triomphé, dès les premiers accords, de mon peu d’appétence pour ce genre de musique. Ou encore des roboratifs Rufus (Archie Shepp / John Tchicai ; Fontana, 1963) et Bill Dixon 7-tette/Archie Shepp & the New York Contemporary Five (Savoy, 1964), dont nous nous demandâmes, entre deux tasses de café matinales, par quel mystère ils ne jouissaient pas d’une renommée plus grande — avis aux amateurs, donc.